Full text: Structure de l'Algérie

  
156 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE 
mouvements orogéniques, ayant effondré la Mitidja. Et ces bou- 
leversements sont donc survenus à la fin du pliocène, voire au début 
du quaternaire. 
Ce sont là des données dont nous sommes redevables aux 
géologues. Voici dans le même ordre d'idées un fait géographique, 
un détail de modelé, sur lequel l'attention n’a pas été attirée. 
L'oued Mazafran. — La Mitidja (fig. 32) qui est une cuvette 
synclinale allongée entre l’Atlas et le Sahel, n’est pas drainée 
dans le sens de sa longueur. Les points les plus bas de la plaine 
sont au nord au pied du Sahel. Il serait naturel que cette dépression 
fût suivie d’un bout à l’autre par une r'vière maîtresse. Il n’en 
est rien, la dépression au pied du Sahel est justement la partie 
de la plaine qui est la plus mal drainée. On y trouve un chapelet 
de marécages, qui ne sont pas reliés entre eux. Le grand pli, con- 
stitué par le groupe Atlas-Mitidja-Sahel, est coupé transversale- 
ment par des vallées indépendantes les unes des autres, celles des 
oueds Chiffa, Harrach, Hamiz. Ces oueds jaillissent de l’Atlas, 
et, la Mitidja franchie, il percent, pour arriver à la mer l’obstacle 
du Sahel, sans hésitation, presque sans infléchissement, dédai- 
gneux de la voie naturelle et facile que leur offrirait la dépression 
marécageuse. 
Le plus surprenant de ces trois oueds est la Chiffa, qui porte 
en arrivant à la mer le nom de Mazafran. 
Les collines du Sahel au point où le Mazafran les franchit, 
à côté de Koléa, sont un obstacle très sérieux. La rivière a dû s’y 
creuser des gorges à pic où elle s’est encaissée d’environ 200 mètres; 
et ces gorges, nota bene, dessinent des méandres (fig. 32). 
Les rivières de ce type, qui semblent avoir préféré une rude 
tâche perforatrice à travers le roc à un chemin facile et tout ouvert, 
on les a parfois appelées héroïques. Dans les traités de géographie 
physique elles sont classées plus précisément sous la dénomination 
de rivières « antécédentes », car elles sont fréquentes, étudiées 
et connues !. Elles avaient dessiné leur tracé, méandres compris, 
à une époque où l’obstacle montagneux n’avait pas encore surgi. 
Elles ont pu conserver leur orientation et leur direction à travers 
la région soulevée. 
Les méandres encaissés du Mazafran nous reportent donc 
à une époque où la Mitidja ne s’était pas encore creusée entre le 
Sahel et l'Atlas. 
1 Par exemple, n°52} D: 904
	        
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