42 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
accuse en relief, et qui constituent des pitons saillants, des abrupts
pittoresques (le Djurdjura, les causses de Saïda). Ils tirent l’œil
dans le paysage. Mais la superficie qu’ils recouvrent au total est
trop faible pour qu’on puisse essayer d'imaginer ce que fut l'Algérie
liasique et jurassique. À coup sûr pourtant elle fut envahie par la
mer. Elle commence dès ce moment là sa carrière de bras de mer.
On n’en sait pas plus long.
Sur le bras de mer crétacé nous sommes au contraire très bien
documentés. L'Algérie presque tout entière est encroûtée des
dépôts de cet âge d’une immense épaisseur. Ce sont eux qui pré-
dominent largement, et qu’on a le plus de chance d’avoir sous
les pieds; ils recouvrent une superficie qui doit être supérieure à la
moitié de l'Algérie.
Aussi les géologues ont-ils pu représenter, dans des cartes
paléogéographiques, les états successifs du bras de mer aux diffé-
rents étages du crétacé. Ces cartes ne sont pas assez différentes
les unes des autres pour qu’on ait cru nécessaire à notre point de
vue géographique de les donner toutes.
On a pensé qu’une suffirait, celle par exemple du crétacé infé-
rieur : (fig. :7).
Ce n’est pas que les limites du bras de mersoient restés immuables
à travers tout l’étage, tant s’en faut. Parfois il s’est avancé très
loin sur la plate-forme saharienne, y déposant les calcaires céno-
maniens et sénoniens qui constituent les plateaux du Tadmaiït.
Une autre fois, à l’albien, le rivage s’est retiré assez loin pour
que le coin sud-ouest de l'Algérie soit resté longtemps exondé:;
les montagnes des Oulad-Naïl, le djebel Amour?; l’Albien y est
représenté par une formation continentale, ce sont des grès rouges
de facies très uniforme, à « dragées » de quartz roulé, et à petites
concrétions sphéroïdales, la roche préférée. des graveurs rupestres?
Ces grès à dragées, qui contiennent pour-tout fossiles des bois
silicifiés, sont une des roches algériennes les plus particulières
et les mieux individualisées; et ils sont bien une formation crétacée
continentale.
Mais c’est la seule : à cet intermède près le bras de mer crétacé
n’a jamais cessé de recouvrir la totalité de l'Algérie comme la
carte ci-jointe en donne. correctement l’idée.
1. N° 26, p. 248 et n° 70, p. 189. Les réserves formulées par M. Savornin,
n° 115, p. 409, ne sont pas à l’échelle de notre travail géographique.
2. N° 26, p. 286, fig. 43.