L'ALGÉRIE BRAS DE MER 54
Ce dernier tableau s’accorde bien avec les précédents et complète
la figure d'ensemble. L'histoire du bras de mer se termine dans le
Tell occidental, c’est là qu’il a séjourné en dernier lieu, et qu’il
a fait enfin sa retraite définitive. Le compartiment du Tell Oranais
est resté mer, et mer profonde bien plus longtemps que le reste.
Conclusion. — Cette série de cartes paléogéographiques, don-
nant les états successifs du bras de mer algérien permet peut-être
d'imaginer l'instabilité du sol. Un pays qui est tout entier et qui
n’a jamais cessé d’être depuis le crétacé un géosynclinal : ce pays-
là est instable par définition. L’Algérie en effet est périodiquement
visitée par les tremblements de terre.
L'Atlas algérien, depuis le crétacé, n’a jamais cessé jusqu’à
nos jours, jusqu’au quaternaire, d’être dans le devenir; il est
d'âge pyrénéen, alpin, post-alpin même; il n’a jamais cessé de
s’édifier, de s’écrouler et de se réédifier par quelque bout, tantôt
ici et tantôt là.
On conçoit donc bien qu'il soit difficile de comprendre l’Atlas
et d’en rendre compte. Dans une tentative de ce genre, à laquelle
il faut bien se résoudre pourtant, une extrême prudence s'impose.
Sous cette réserve il semble bien qu’on voie déjà se dégager quel-
ques grands compartiments.
Dans l'Atlas tellien, de part et d’autre de la grande dorsale,
le compartiment occidental et l’oriental ont chacun son histoire
de plus en plus distincte depuis l’oligocène déjà. Dans l’Atlas
saharien et la zone des plateaux la grande ligne de démarcation
essentielle, c’est le seuil de Biskra; l’importance de cette ligne
de démarcation est immense depuis le cartennien, et même il faut
dire depuis l’albien. Dans la série de nos cartes, et, à mon sens,
dans la réalité géographique et humaine, il n’y a pas peut-être,
dans toute l’Algérie, de ligne de démarcation plus importante.
Par-dessus tout, la grande division essentielle, primordiale,
qui apparaît déjà, avec une netteté parfaite, sur la plus ancienne
de nos cartes, celle du bras de mer crétacé, et qui se retrouve dans
toutes les autres, c’est la division éternelle de l'Atlas algérien en
géosynclinal tellien au nord et socle des Hauts plateaux au sud.
Cette grande division est tout à fait populaire et précisément pour
cela on s’en est méfié, on l’a même contestée. Il faut souligner
au contraire combien elle est en accord avec le résultat des recherches
géologiques les plus techniques.