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sur le rôle de ce trias dans la formation des nappes. C’est le terrain
d'Algérie le plus passionnant, et si on peut dire le plus retentissant,
On se gardera bien de suivreles géologues dans leurs discussions.
Ce qui nous intéresse exclusivement ce sont les points sur lesquels
ils sont tout à fait d'accord, soustraits définitivement à la con-
troverse.
Il est certain que ces terrains gypso-salins sont d’âge triasique.
Ils se retrouvent avec le même facies non seulement dans tout
l'Atlas, de la Tunisie au Maroc, mais dans l’Andalousie, le sud-est
de l'Espagne et aux Pyrénées. Il y a donc eu pendant l’âge tria-
sique sur l’emplacement de la Berbérie et de l'Espagne un con-
tinent émergé, où régnaient des conditions de climat steppien ou
désertique, parsemé de lagunes et de chotts.
Rochers de sel. — Quoique le trias algérien conserve par-
tout son même facies remarquablement constant, caractérisé par
la présence des trois éléments, sel, plâtre, argile; cependant la
proportion des trois éléments est variable.
Quand le sel prédomine le résultat est particulièrement curieux.
Il y a une catégorie de dépôts triasiques que les géologues ont pris
l'habitude d’appeler rochers de sel. Ce sont, au sens littéral du mot,
des montagnes de sel, des reliefs considérables tout en sel gemme.
On a dressé une carte à grande échelle d’un rocher de sel, celui
de Dijelfa (fig. 12) ‘. Il est donc possible d'indiquer les dimen-
sions avec une grande précision. Des falaises y ont des abrupts
qui atteignent 100 mètres, exactement de la cote 922 à la cote 1 022.
Or, ces abrupts tout entiers, de la base au sommet, sont du sel
gemme, en assises bien litées, sans intercalation d’argile. Comme
on ne voit pas le substratum, l’épaisseur du sel gemme peut être
beaucoup plus considérable.
Il y a aussi des argiles salées très dures, maintenues par une
armature d’infiltrations et de filonnets de sel. Dans le rocher de
Djelfa elles sont groupées à part, elles occupent toute la partie
méridionale du rocher, en masses puissantes, pas du tout litées.
On peut supposer que les bancs de sel et les argiles étaient inter-
stratifiés au moment du dépôt; cela, paraît . vraisemblable. Les
formidables pressions, dont nous avons d’autres témoignages,
peuvent avoir séparé mécaniquement ces. deux éléments en faisant
fuser l’argile. Quoi qu'il en soit cette séparation est aujourd'hui
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