LES DÉSERTS SUCCESSIFS 63
L'école algérienne, opposée à la parisienne, maintient, en général,
l'existence de l’oligocène. Mais dans certains cas, dans un cas bien
déterminé au moins (au polygone de Constantine), elle ne conteste
pas que des couches faussement attribuées à l’oligocène soient en
réalité tortoniennes et pontiennes. Qu'on emploie donc le mot
oligocène ou celui de pontien, avec tous les points d'interrogation
qu’on voudra, il est entendu que ces dénominations s’appliquent
à des dépôts continentaux, d’âges mal déterminés, mais certaine-
ment postérieurs au trias, certainement divers, et de facies assez
uniformes. S'ils avaient été nettement contrastés on ne les aurait
pas confondus dans une dénomination commune.
Or ce qui apparente leur facies ce sont des caractères qui semblent
se référer à un climat sec, désertique ou steppien. L’oligocène (?) est
généralement composé de couches rouges; souvent ce sont des.
argiles interstratifiées de gypse, et la présence de gypse est signifi-
cative : d’autres fois ce sont des cailloutis sans presque aucun mélange
de terre, et cela aussi est significatif; le caïlloutis pur, croulant
sous les pieds, vanné par l’action prolongée du vent, est une for-
mation désertique bien connue.
Là-dessus les géologues des deux écoles sont d’accord. D’après
Savornin ! « la grande épaisseur des dépôts torrentiels n’est con-
ciliable qu'avec un climat subdésertique..…. »
etes couches rouges fréquemment gypsifères sont un « véri-
table dépôt de sebkha ». Aussi « une grande partie du sol était
occupée, jusqu’assez près du littoral actuel, par des bassins fermés
plus ou moins distincts ». Et M. Savornin, d'accord avec M. Ficheur,
retouve l'emplacement de ces vieux chotts oligocènes (?) : « Médéa,
Hodna-nord, chotts sétifiens, région constantinoïise, etc. » Cette
disposition hydrographique offrait d’étroites analogies avec le
régime actuel.
M. Joleaud, de l’école parisienne dit absolument la même chose.
Il analyse les poudingues rouges et les argiles à gypse du polygone
auprès de Constantine, ces couches même qui, classées jadis oligo-
cènes, sont aujourd’hui pontiennes de l’avis général. Il y trouve
des fossiles (hélices) « d’un caractère franchement halophile. Ces
mollusques habitaient certainement le bord de grandes lagunes,
de véritables chotts probablement très étendus. Ce milieu devait
ressembler beaucoup à celui des steppes de l'Algérie actuelle ?. »
1. N° 111.
2. N° 70, p. 245.