LES-DÉSERTS SUCCESSIFS 65
les versants de l’atlas saharien, sur le versant sud, en particulier ;
la carapace des hammadas recouvre à peu près tout; pratiquement
continue sur une superficie qui a des centaines de kilomètres de
diamètre en tout sens, et pourtant d’une épaisseur insignifiante
de 1 à 10 mètres. Cette formation si particulière a été beaucoup
étudiée par Flamand: il y a trouvé des fossiles, étudiés par Depéret,
qui en affirme l’âge pliocène'. Pomel a le premier décrit cette
carapace, et il a fourni de sa formation une explication qui, reste
incontestée. « Elle résulte d’une sorte d’incrustation stalagmitique
superficielle par suite de l’évaporation des eaux plus ou moins
salées et séléniteuses qui remontent par capillarité ?, » La croûte
calcaire continue à se former de même sous nos yeux, dans maintes
régions de l’Algérie, et même dans les parties sèches du Tell, dans
le Chéliff, par exemple, où elle a été étudiée par Brives. Elle fait
le désespoir des agriculteurs, parce qu'il faut la briser et que la
charrue y parvient à peine. Dans cette Afrique du Nord où le
Sous-sol perce partout au soleil, à travers des lambeaux insuffi-
sants de sol, la croûte calcaire est une des rares catégories exis-
tantes de sol, une catégorie fâcheuse. Par la croûte calcaire le
climat pliocène s'apparente à l'actuel. La formation n’est possible
que dans un pays très sec, où l’évaporation est intense.
Voici d'autre part ce qu’écrit Joleaud comme conclusion d’une
étude sur le pliocène continental de Constantine, « Vers la fin du
pliocène, les dépressions existant aux environs de Constantine
constituaient des bassins fermés, et leurs eaux se concentraient
en des lacs où vivaient des hippopotames, tandis que des chevaux,
des antilopes, etc., habitaient les steppes voisines ?, »
Bassins fermés, steppes, et cela jusque dans le nord de Constan-
tine, c’est bien toujours la même note. Sur la nature du climat
pliocène le consensus des géologues est réalisé.
Voilà une belle série : trias, albien, oligocène, tortonien,
pontien, pliocène, autant de moments du passé où il est établi
sans Contestation que l'Algérie fut désertique ou steppienne,
domaine de chotts, de bassins fermés. Il faut insister là-dessus
parce qu'il y a une bonne raison pour qu’on l’oublie. A la période
qui a précédé immédiatement la nôtre, au quaternaire, il s’est
produit une oscillation du climat dans le sens de l’humidité. Ce
1. N° 41, p. 695.
2. N° 87, p: 193.
3. N° 70, p. 319.
E.-F. GauTier. — Structure de l'Algérie, )