70 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
méditerranéenne a le privilège des grands effondrements récents,
elle a vu celui du continent Égéen, celui de l’Atlantide. C’est pré-
cisément dans cette catégorie-là que rentre approximativement
l'effondrement de la Tyrrhénide.
Les conséquences. — Les conséquences n’ont pas pu manquer
d'être considérables. Là-dessus les botanistes auraient eu peut-
être leur mot à dire. Il y aurait dans la flore de l'Afrique septen-
trionale beaucoup d'espèces résiduelles qui sont un héritage du
tertiaire.
Et par exemple le cèdre. C’est un arbre de sommets. Il témoigne
que l'Algérie tertiaire était déjà montagneuse. On sait que dans
l'Algérie actuelle il est en recul, il se défend mal. Il y a dans l’Aurès
des forêts mortes où les grands cèdres au bois incorruptiblé sont
des squelettes debout enracinés.
On cite aussi l’arganier. Chassé du reste de la Berbérie par la
concurrence vitale il est réfugié aujourd’hui dans un coin du Maroc.
I s’y maintient à la faveur d’un climat assez particulier. La cha-
leur est forte, correspondante à une latitude déjà quasi tropicale;
les pluies sont rares, on est à l’orée du désert; en revanche, au
contact de l'océan, l’air est constamment chargé de vapeur d’eau.
C’est là un climat qui aurait des rapports, du moins théoriques,
avec celui de la mer Rouge actuelle, où l’humidité de l'air fait un
contraste violent avec la sécheresse du sol. Faut-il imaginer qu’il
pourrait en avoir avec le climat de l’Algérie des bras de mer?
Ce sont là des idées qu’un botaniste, M. Maire, exprimait
oralement, en passant, d’une manière tout à fait fugitive. Il y
aurait là peut-être le programme de recherches possibles qui n’ont
pas été faites.
Un événement comme l'effondrement de la Tyrrhénide ne peut
pas être resté tout à fait sans conséquences climatiques, au moins
dans des nuances importantes, dont un changement de végéta-
tion aurait enregistré les traces. On sait en effet déjà que la révo-
lution n’a pas été radicale. Le voisinage plus où moins proche
d’une surface continentale imménse et plus ou moins aride, notre
Sahara, n'a jamais céssé de faire sentir son influence plus ou
moins directe.
Là où les conséquences du grand effondrement se laissent
directement constater et mesurer c’est dans le modelé. I y a là
une matière qui a bien un rapport avec le climat; mais elle en a
surtout avec l'apparition toute nouvelle d’un niveau de base