LA MÉDITERRANÉE SUBSTITUÉE A LA TYRRHÉNIDE 7
marin général au nord de l'Algérie. Les conditions de l'érosion s’en
sont trouvées bouleversées de fond en comble.
Les torrents méditerranéens, nés de la catastrophe, ont poussé
leur érosion de tête dans le vieux domaine des bassins fermés,
suivant une progression que les géologues ont cherché à préciser
tout particulièrement dans la province de Constantine.
D'après Joleaud « la région constantinoise formait certainement,
au début de la période quaternaire, un bassin fermé plus ou moins
semblable au bassin actuel du chott el-Hodna !. Graduellement,
à commencer par les plus voisins du littoral, les bassins fermés furent
captés par des cours d’eau tributaires de la mer, si bien qu’aujour-
d’hui non seulement tout l'Atlas tellien, mais encore une partie
des hautes plaines, a été incorporée au bassin méditerranéen ?. »
Alexandre Joly a mis en relief, à différentes reprises, cette idée
que, si on observe la ligne de partage des eaux entre les bassins
fermés et le bassin méditerranéen, les phénomènes de capture
qui ont déplacé cette limite, l’ont toujours fait dans le même sens,
«au profit de la Méditerranée et aux dépens des bassins fermés ÿ ».
Rien de plus normal d’ailleurs, c’est exactement ce qu’on pouvait
attendre.
À ces idées de géologues, par des méthodes purement géogra-
phiques, on peut apporter une confirmation, qui en est en même
temps l'illustration graphique.
Profils longitudinaux. — On a dressé le profil longitudinal
de quatre oueds, le Chéliff, le Bou-Sellam, la Seybouse et le Rummel
(fig. 14 à 19). Tous les quatre ont leur cours inférieur dans le Tell,
et leur cours supérieur sur les Hauts plateaux; ce sont les seuls
fleuves d'Algérie qui soient franchement dans ce cas.
A différentes autres reprises, dans les chapitres suivants, on
aura recours à cette méthode des profils longitudinaux; et il faut
donner ici, d'entrée de jeu, une fois pour toutes, quelques expli-
cations sur les règles uniformes qu’on s’est imposées dans l’éta-
blissement des profils longitudinaux.
Bien entendu il n'existe pas de profils techniques des rivières
algériennes, établis par le nivellement direct des berges. Il faut
se borner aux renseignements fournis par la carte de l'état-major.
La carte au 50 000€ donne les courbes de niveau de 10 metres en
1. N° 69.
2, No 70, p. 319.
3. Nos 76 et 74.