ATLAS SAHARIEN 89
De cette torsion, de ce conflit entre deux directions, différents
géologues ont fourni différentes explications. Ce qui nous importe
pour le moment c’est que cette disposition si particulière se retrouve
partout d’un bout à l’autre en Tunisie comme en Algérie, et même
dans le Haut Atlas, prolongement marocain de l'Atlas saharien.
Roux , à propos du dessin en plan des plis dans le sud tunisien,
parle d’arcs concaves vers le nord se raccordant à des «arcs concaves
vers le sud »; de «guirlandes », «d’accents circonflexes », Flamand,
à propos de l'Atlas saharien sur les confins du Maroc ?, parle de
« chaînes géniculées » (repliées en ferme de genou); de directions
« orthogonales ». Ces synonymes expressifs se ramènent aux termes
de la description que Ritter a faite une fois pour toutes, et à laquelle
tous ses successeurs déclarent expressément se rallier, y compris,
à propos de l'Atlas marocain, Louis Gentil *.
L'Atlas saharien est donc, d’un bout à l’autre, dessiné d’après
la même formule, et comme plissé d’un seul jet.
Sur la date de ce plissement il ne subsiste pas non plus d’incer-
titude. Le socle continental envahi par les mers crétacées et éocènes,
a été affecté « d’amples mouvements » (Roux, p. 261),
Un coup d’œil sur les cartes paléogéographiques montre le
seuil de Biskra, le Hodna, l’Aurès et les Zibans déjà dessinés par
les rivages de la mer cartennienne (fig. 10). M. Savornin qui vient
de publier sur la région hodnéenne une très belle étude insiste là-
dessus. L’Atlas saharien, dit-il, avait acquis « sa constitution dès
le début des temps tertiaires 4 ».
L'époque miocène a vu pourtant produire une accentuation
du plissement sensible au moins en certains points, en Tunisie
par exemple. Dans la région de Redeyef, le miocène tout entier,
y compris l'étage supérieur est « très vigoureusement plissé ». Le
plissement a continué au pliocène et s’est fait sentir même au
quaternaire ÿ. M. Roux a justement attiré l’attention sur le témoi-
gnage des terrasses fluviatiles dans l’Atlas saharien. Une étude
détaillée en serait d’autant plus intéressante qu’elles furent l’œuvre
de rivières dont la mer n’a jamais été le niveau de base. Cette étude
n’a jamais été faite. En gros, à juger par ce qu’on entrevoit au
LENOSTO0S pb 271
2. N° 41, p. 786.
3: N0 97, D: 17.
4, No 115, p. 428.
5. No 102, p. 658 et 103, p. 267, fig, 3.