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ÉLECTRIQUE. 12]
» Ceux qui n'ignoraient pas que la sensation engendrée dans l'œil
par l’action d’une lumière quelconque dure encore un peu de temps
après que la lumière a réellement disparu , devaient, ne fût ce qu'à
aison de cette circonstance , ne pas trop espérer une solution exacte
de la question posée en tête de ce long chapitre; et cependant, en
définitive, l'obstacle apparent est devenu lui-même le moyen d'in-
vestigations , et nous sommes arrivé à opérer sur de simples mi/-
lièmes de seconde , mieux qu’on ne pourrait vraiment le faire, par
les moyens habituels, sur les secondes entières. Qu'on réfléchisse
un moment aux détails de l'expérience, et mon assertion ne paraîtra
pas exagérée.
» Je veux savoir la durée de chacun des éclairs qui sillonnent le
ciel pendant une nuit obscure. En face de la région où existe l'orage,
j'établis une roue en métal portant cent rais déliés. Un mouvement
d’horlogerie lui donne la vitesse continue et régulière de dix tours
par seconde de temps, ou d’un tour entier par dixième de seconde.
Je me place en observation entre la roue et les nuées orageuses, de
manière cependant à ne pas empêcher la lumière des éclairs d'ar-
river librement à la roue tournante. Cette roue, je ne l’aperçois pas
ordinairement, puisque, par hypothèse, tout est dans l'obscurité.
Un éclair se montre : à cet instant la roue est éclairée, je dois donc
la voir, et je la vois, en effet, mais dans des conditions différentes,
suivant la durée de l'éclair, L'éclair n'a-t-il brillé que pendant un
temps infiniment court, la roue se sera montrée, durant un
dixième de seconde, comme cent rais lumineux, immobiles et de
la largeur apparente des rais véritables.
» L'éclair a-t-il duré un millième de seconde, la roue aura
semblé un cercle plein de lumière du centre à La circonférence.
» À des durées de l'éclair d’un demi-millième de seconde, d'un
tiers, d'un quart, d'un cinquième, ete., de millième de seconde,
correspondront des apparences cireulaires où il y aura respective-
ment wn demi, deux tiers, trois quarts, quatre cinguièmes de la
surface totale du cercle, complétement privés de lumière.
» En faisant la roue tournante de plus en plus grande, l'échelle
superficielle des mesures deviendra tout aussi étendue, tout aussi
appréciable qu’on le désirera. Ajoutons qu’en variant la vitesse de
rotation , on peut même se soustraire à la nécessité d'évaluer à l'œil