LA RENAISSANCE.
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A l’origine les vases au pied de la guirlande, les tiges et les attaches des
divers bouquets de fruits étaient dorés.
Remarquables encore les décors des divisions de l’intrados de 1’ archi
volte, soit par le mérite des différentes compositions, soit par la touche résolue
du ciseau. Dans le compartiment central est sculpté 1’ agneau mystique.
Des mascarons avec barbes transformées en végétaux, des dauphins, des
oiseaux, des vases et des entrelacements de volutes d’où se détachent des
groupes de feuilles ou des palmettes, ornent somptueusement la frise qui,
rentrant quelque peu, court le long des parois de la Chapelle (v. PI. 3, 24
fig. 2, PI. 25 fig. 1 et fig. 121).
Les ornements se plient ici et se combinent d’une manière ingénieuse sur
les arêtes et dans les angles; et nous citerons tout particulièrement plusieurs
de ces mascarons et la sulpture des feuillages qui rappellent le cimier sur le
cercueil du monument du Doge Pietro Mocénigo et de même la décoration
géniale d’un petit travail provenant du couvent de S. Stefano, qui se trouve
maintenant au Musée Civique (v. fig. 122).
Bon est 1’ ornement qui enrichit les bandes des arcs autour des lunettes
du chœur, très habilement combinés dans les angles en rapport avec les pana
ches. Mais spécialement admirables sont les grandioses chapiteaux corinthiens
des gros pilastres (v. PI. 25 fig. 5 et 6). L’ excellente distribution de leurs parties,
les têtes des amours souriants et les agiles aiglons battant de l’aile, nichés dans
les concavités des abaques, l’inflexion magistralement graduée des queues ou
tiges des volutes (surpassant un peu le niveau des tailloirs), la gracieuse ma
nière de les enlacer avec vase et avec bouquet central de feuilles de vigne
et grappillons de raisin, les élégants feuillages qui les enveloppent et d’où
s’échappent de longs pédoncules avec efflorescences en bouton tournant dans
le canal des volutes, la netteté avec laquelle s’ enroulent et sont creusées
les spires, les grandioses feuilles angulaires à revers, les détachements; les
obscurs d’effet puissant obtenus par le trépan et par les audacieuses tailles en
creux, font en somme de ces parties de 1’ ordre deux modèles de cet art déco
ratif qui, quelques années plus tard, allait produire les élégants chapiteaux du
palais Zorzi à San Severo (v. fig. 66).
Il est bon de noter, car c’ est une caractéristique de ces chapiteaux et de
beaucoup d’autres chapiteaux lombards de la Renaissance, que leur corps est
aussi large que le listel du gorgerin et partant plus que le pilastre.
La fastueuse décoration des deux faces des pilastres (v. PI. 22 côté de face
et PI. 23 flanc) ne s’ éloignent pas par le genre de composition de ceux de
1’ entrée de S. Zacharie, c’ est-à-dire du type à fût droit ascendant dit à candé
labre dont nous avons un premier exemple dans la porte de S. Michel en
l’Ile.