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meut à la main, par celui qui envoie la dépêche; et que,
par suite, celui qui reçoit la dépèche est obligé de se taire
et de rester passif jusqu'à ce que son correspondant lui
laisse la liberté de parler à son tour. Que si les divers ap-
pareils dont on a fait usage présentent entre eux quelques
différences, elles ne portent pas sur ces deux points, mais
seulement sur le mécanisme qui sert à transformer le mou-
vement de va-et-vient en mouvement de rotation, ou sur
la disposition du cadran, ou sur la forme de l'interrupteur,
ou enfin sur le nombre des divisions tant conductrices que
non conductrices dont il se compose.
M. Siemens a considéré sous un tout autre aspect le pro-
blème du télégraphe alphabétique, et il est entré dans une
voie tout-à-fait nouvelle en se proposant de maintenir à
l'opérateur qui reçoit la dépêche, pendant même qu’il la
reçoit et qu'il écrit, son action directe et immédiate sur
l'opérateur qui la lui envoie, et cela sans avoir recours à
un second fil, sans rompre l'accord des cadrans et des ap-
pareils et sans amener la moindre perturbation dans la série
des signes dont la transmission est commencée.
La méthode ordinaire refuse absolument cet avantage à
celui qui recoit la dépêche; car s’il voulait parler pendant
qu'on lui parle, il en résulterait à coup sûr une confusion
dont on aurait peine à sortir. S'il voit son appareil se dé-
ranger, faire un signe pour un autre et répéter tout autre
chose que ce qu’on lui dit, il n’a qu’un seul moyen à sa
disposition, c’est de rompre le circuit, c’est-à-dire de cou-
per la parole à son correspondant. Alors, ce n’est qu'après
des pourparlers et des pertes de temps considérables que
la dépêche peut être reprise.
Par la méthode de M. Siemens, celui qui recoit la dé-
pêche peut, au contraire, à chaque instant et sans aucun
trouble, parler à celui qui la lui donne, signaler une er-
reur Ou demander la répétition d’un signe mal fait ou mal
compris.
Pour réaliser cet avantage, qui est d'une haute impor-
tance, M. Siemens supprime tout-à-fait l’interrupteur dont
nous avons parlé, et il dispose son appareil à cadran pour
qu'il agisse absolument de la même manière, soit qu’il doive
envoyer une dépêche, soit qu'il doive la recevoir. Essayons
de faire comprendre ce mécanisme ingénieux qui fonctionne
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