HIPPARQUE. Ï07
d’être un censeur amer et jaloux ; il proteste en commençant qu’il n’a
pas la petitesse de chercher à convaincre les autres des fautes qu'ils
ont pu commettre, et qu’il n’a eu on vue que l'intérêt de la science.
Le charme des vers a contribué à répandre l’ouvrage d’Aratus, et lui a
donné un grand nombre de lecteurs. Eudoxe avait mis dans ses différens
Traités, plus de science et d’exactitude, mais il s’était aussi trompé
souvent. Aratus alors a été forcé de le suivre ; car il n’avait pas ob
servé lui-même : on ne peut le rendre responsable des erreurs de
son guide.
Hipparque promet une exposition exacte des levers et des couchers;
il dira surtout quelles sont les étoiles qui déterminent les 24 espaces
horaires. Ainsi nous pouvons espérer quelques lumières sur les méthodes
d’observation qui étaient en usage au tems où il écrivait son Commen
taire , qui parait un ouvrage de sa jeunesse , ou du moins du tems qui
a précédé sa découverte du mouvement des fixes en longitude. On peut
remarquer en effet que nulle part il ne cite aucun des ouvrages qu’il a
certainement composés , et dont Ptolémée nous a conservé les litres et
même des fragmens ; nulle part il ne paraît se douter que dans l’inter
valle de tems écoulé depuis Eudoxe jusqu’à lui, les positions des étoiles
avaient pu changer relativement à l’équateur, et par suite par rapport
à l’horizon.
Il prouve d’abord par des citations , qu’en effet Aratus n'a fait que
copier Eudoxe. Cet astronome avait composé deux ouvrages qui diffé
raient peu l’un de l’autre , le Miroir et les Phénomènes ; c’est ce dernier
surtout qu’Ara tus a copié.
Eudoxe avait dit , en parlant du Dragon , que la queue du Serpent est
entre les deux Ourses , et qu'elle a une petite étoile au-dessus de la
tête de la grande Ourse; qu’il fait un pli près de la tête de la petite
Ourse, et s’étend ensuite jusque sous les pieds ; et que faisant alors un
autre plij il relève sa tête en avant (de cette constellation). 11 avait dit
du Bouvier qu’il est derrière la grande Ourse, et que la Vierge est sous
ses pieds; de l’Homme à genoux , qu’il est voisin de la tête du Serpent,
au-dessus de laquelle il tient le pied droit. Tout cela se retrouve mot
pour mot dans Aratus, qui seulement dit le Dragon au lieu du Serpent.
Hipparque prétend qu’ils se sont trompés tous deux, et que c’est le
pied gauche et non le droit; ce qui est conforme à nos cartes modernes,
où nous voyons Hercule par devant. Eudoxe place la Couronne au dos
d Hercule ; il dit que la tête de cette figure est voisine de celle d’Ophiu-