THÉORIE DES SATELLITES DE JUPITER.
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qui avait évalué approximativement la variation et les moyens mouvements du
périjove du quatrième satellite, en tenant compte seulement de la force pertur
batrice du Soleil, et transportant à ce cas les résultats qu’il avait obtenus pour
la Lune.
Lagrange (Œuvres complètes , t. VI) a donné, en 1766, les équations différen
tielles du mouvement des satellites, en ayant égard à leur action mutuelle, à
l’attraction du Soleil et à l’aplatissement de Jupiter. Il les intègre d’abord en
négligeant les excentricités et les inclinaisons des orbites, et il parvient aux
inégalités dépendantes des longitudes moyennes [formules (D) du Chapitre II],
et d’où résultent, dans le retour des éclipses des trois premiers satellites, les
inégalités dont la période est de 4^7 jours, et que Bradley et Wargentin avaient
découvertes par l’observation.
Lagrange considère ensuite les inégalités dépendantes des excentricités et des
périjoves. Il forme les équations différentielles linéaires (A') du Chapitre II, et
les intègre comme nous l’avons expliqué à cet endroit. Il trouve pour chaque
satellite les quatre équations du centre dont nous avons parlé.
En appliquant la même analyse aux nœuds et aux inclinaisons, il obtient
pour chaque satellite quatre inégalités principales de la latitude. Mais il avait
supposé que l’équateur et le plan de l’orbite de Jupiter coïncident, et cette sup
position avait fait disparaître des termes importants.
En même temps que Lagrange s’occupait de ces recherches, Bailly (Essai sur
la théorie des satellites de Jupiter, 1766) appliquait au mouvement des satel
lites de Jupiter les formules que Clairaut avait données dans sa théorie de la
Lune. Il reconnut les inégalités dont la période est de 437 jours; mais cette
théorie ne pouvait pas lui donner les quatre équations du centre obtenues par
Lagrange.
Laplace a beaucoup ajouté à l’admirable travail de Lagrange. Il a donné
d’abord la démonstration des deux beaux théorèmes exprimés par les relations
n — 3 n' -+- 1 ri" =0, l — 3 V -+- 2 1 " — 18o°,
et montré que ces relations, constatées par les observations pour un certain
intervalle de temps, doivent toujours subsister; il a établi ensuite les formules
de la libration, et déterminé l’influence de cette libration sur les inégalités à
longues périodes.
C’est à lui que l’on doit les inégalités (21) du Chapitre II, provenant de la
réaction mutuelle des inégalités séculaires et de celles dont la période est de
437 jours. Il a donné les expressions exactes des inégalités des latitudes et
celles du mouvement de l’équateur de Jupiter, et montré enfin que les formules
de Lagrange, pour les inégalités séculaires des nœuds et des périjoves, doivent
être complétées par des termes du second ordre qui sont loin d’être négli
geables.