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Commission 2
La parole est au R. P. Poidebard pour sa communication :
METHODES ET PROCEDES DE PHOTOGRAPHIE AERIENNE
EN REGION DESERTIQUE DE CLIMAT TROPICAL
<( Les travaux de Photographie aérienne que j’ai entrepris en Syrie de
1925 à 1932, puis en 1934, ont eu pour but de mettre au point une méthode
pratique de prise de vues adaptée aux conditions des régions désertiques
de type tropical.
Le problème à résoudre, qui m’avait été assigné par l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, était principalement de fixer sur la plaque
photographique les ruines anciennes enfouies sous le sol de la steppe du
désert de Syrie, vestiges ne laissant paraître à la surface que des traces
souvent impossibles à remarquer par un observateur terrestre ou même
parfois absolument invisibles. Le problème historique choisi était l’orga
nisation de la zone frontière de l’Empire romain d'Orient, connu seule
ment dans ses points principaux, et d’en établir la carte.
La difficulté rencontrée par la photographie aérienne était l’extrême
luminosité de l’éclairage éblouissant du désert qui, pour les prises de
vues obliques, interdisait tout relief du sol ou ne permettait que des clichés
grisonnants ou voilés, surtout à, certaines heures de la saison chaude.
La méthode employée se résume en 2 procédés principaux :
L’emploi de l’éclairage rasant et l’utilisation du contre-jour.
A. — Eclairage rasant. — Le Désert de Syrie est une région de
steppes : sol d’argile ou d’alluvions, où le sable ne se rencontre que par
exception dans certains points très limités.
Les plantes et les herbes de la steppe empêchent la formation des dunes.
La couche de terre apportée par le vent depuis des millénaires ne dépasse
que très rarement 30 ou 40 centimètres d’épaisseur. Des ruines sous-
jacentes doivent donc ordinairement laisser paraître quelques légers val
lonnements extérieurs. Souvent invisibles de terre au moment des éclai
rages brutaux et perpendiculaires des heures médianes du jour, ces ondu
lations apparaissent nettement à l’observateur aérien utilisant les éclai
rages obliques et rasants des heures matinales ou tardives.
L’éclairage rasant du matin et du soir fait ressortir, en les exagérant,
les moindres vallonnements du terrain.
Phénomène bien connu d’une route apparaissant très plate et unie
pendant le jour, sous l’éclairage élevé du soleil, et toute bosselée la nuit,
quand elle est soumise au pinceau lumineux, presque parallèle, des phares
d’une automobile.
Les teintes de la végétation viennent à leur tour renforcer l’effet de
l’éclairage rasant.