CHAPITRE l. — HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES. 133
recueillies aux environs de Versailles arriveraient au rez-de-
chaussée du château, au-dessus de la Grotte, à Trianon, ou à
la Ménagerie, près de Saint-Cyr, avaient pris une bien plus
grande extension, Riquel ayant proposé d’aller chercher les
eaux de la Loire et de les amener par un canal au château de
Versailles.
On trouve dans la Relation le détail des nivellements dé
licats exécutés pour se rendre compte de la possibilité de ce
projet et celui de « quelques autres nivellements que M. Pi
card fit aux environs de Versailles pour faire voir jusqu’à
quelle justesse on peut parvenir en nivellant de la manière
que l’on a expliquée ci-dessus ('). »
Si l’on a pu dire malicieusement, et non sans raison, que
c’était surtout pour satisfaire les fantaisies de Louis XIV que
tant d’hommes de mérite ou même de génie s’étaient mis
à l’œuvre, il faut convenir que l’idée de s’adresser à eux,
qu’elle fût du Iloi ou de Colbert, avait été excellente, car elle
devait avoir des conséquences on peut dire merveilleuses.
C’est, en effet, à dater de cette époque des travaux de Picard
j 1674 environ ( 2 )] que s’introduisent partout, et en particulier
(') Tous ces travaux étaient laits, pour ainsi dire, sous les yeux du Roi;
il suffirait, pour s’en convaincre, de se reporter à la conclusion du récit
de Picard :
« 11 ne sera pas hors de propos de remarquer ici, que l’eau de l’étang de
Trape étant lâchée avec une charge de trois pieds, employé quatre heures
de tems à faire 4°°° toises de chemin avec trois pieds de pente. Mais ce
qui est encore plus considérable, c’est qu’aprez que les tuyaux de conduite
eurent été placez depuis l’entrée de la montagne de Sataury jusques dessus
la Grotte de Versailles, Sa Majesté, faisant le premier essay de ces eaux, eut
le plaisir de voir qu’elles sortaient avec tant de force, qu’il n’y avait pas
lieu de douter qu’elles n’eussent pu monter plus haut, conformément aux
nivellemens qui en avaient été faits, et en descendant de dessus la Grotte
Elle témoigna à M. Picard qu’Elle était contente.
» On 11e doit pas oublier d’avertir, ajoute, en terminant, Picard, que
M. Rœmer a eu beaucoup de part aux nivellemens qui ont été faits aux
environs de Versailles, ayant assez souvent tenu la place de M. Picard
lorsqu’il était malade, ou qu’il était obligé de s’absenter pour quelqu’autre
empêchement. » (Relation, etc., p. 707.)
( 2 ) Picard avait imaginé le niveau représenté sous son nom sur la PI. C
antérieurement et en avait déjà donné la description dans son Traité sur
la mesure de la Terre; mais il l’avait perfectionné et il avait développé
ses idées sur la manière de s’en servir dans son Traité de nivellement.