CHAPITRE I.
HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES.
I ,5
XVIII. — Les perfectionnements de la boussole.
Défauts de la Doussole ordinaire. — On a dû remarquer,
en parcourant les paragraphes précédents, qu’à partir du
xvi e siècle, la boussole avait été presque toujours associée
aux autres instruments, depuis l’astrolabe, le cercle hollan
dais et le graphomètre jusqu’à la planchette. On s’en servait
d'abord et l’on a continué de s’en servir surtout pour s’orien
ter rapidement, mais quand on voulut en faire un instrument
indépendant, devant se suffire à lui-même, on ne tarda pas
à s’apercevoir qu’il manquait de précision. La mobilité de
l’aiguille, son mode de suspension qui pouvait, au contraire,
la rendre paresseuse, sa désaimantation possible, sa déclinai
son variable d’une contrée à une autre et avec le temps, sa
variation diurne même, enfin les perturbations que pouvait
lui faire subir le voisinage de masses de fer ou de certaines
roches étaient autant de causes qui compromettaient la sûreté
de ses indications. De là le peu de confiance qu’inspirait cet
instrument à la plupart des opérateurs, jusqu’au commence
ment de ce siècle ( 1 ).
Depuis les Traités écrits pour les ingénieurs-géographes
comme Y Art de lever les plans de Dupain de Montesson ( 2 )
jusqu’au Mémoire du commandant Muriel sur les Opérations
géodésiques de détail, publié en i8o3 ( 3 ), partout, en effet,
où l'on compare la planchette et la boussole, l’avantage reste
à la première. Si bien qu’en dépit des propriétés incontestables
(') Cette défiance naturelle était générale. On en trouve une preuve dans
le passage suivant du Chapitre lit des Affinités électives de Goethe. Il
s’agissait de lever le plan d’une grande propriété. « A l’aide de l’aiguille
aimantée, y est-il dit, ce travail serait aussi facile qu’agréable. Si, sous le
rapport de l’exactitude, il laisse à désirer, il suffit pour un aperçu général.
Nous trouverons toujours plus tard le moyen de faire un plan plus minu
tieusement exact. »
( 3 ) L’Art de lever les plans de tout ce qui se rapporte à la Guerre et
à l’Architecture civile et champêtre, par M. Dupain de Montesson, capi
taine d’infanterie, ingénieur-géographe des camps et armées du Roi; à
Paris, chez Joubert, mdcclxiii.
( 3 ) Mémorial du Dépôt de la Guerre, tome I er , i8o2-i8o3, p. 263-264.