CHAPITRE I. — HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES. 335
et physiques de VInstitut en 1810. Sans entrer dans des
détails qui ne seraient pas ici à leur place, nous engageons
encore le lecteur à parcourir ce document ( 1 ).
( 1 ) Mémoire sur la mesure des hauteurs à l’aide du baromètre, par
M. d’Aubuisson, ingénieur au Corps impérial des Mines, dans le Journal
de Physique, Cahiers de juin et juillet 1810.
Les nivellements rigoureux étaient rares à l’époque où Ramond et d’Au
buisson se livraient à ces utiles et délicates recherches et, pour contrôler
les résultats obtenus à l’aide du baromètre, ils avaient dû recourir à des
mesures trigonométriques. Chacun de leur côté, ils avaient eu le mérite
d’imaginer des méthodes qu’il convient de signaler ou de rappeler dans
cette Notice, car l’une d’elles y a déjà été mentionnée précédemment.
Nous citerons tout d’abord textuellement le passage du premier Mémoire
de Ramond qui contient le principe de sa méthode.
« J’ai fait, avec toute l’exactitude que comporte l’emploi de petits instru
ments, une suite d’opérations trigonométriques pour mesurer deux triangles
de io ooo m à i5ooo m de côté. Ils étaient destinés à déterminer la position d’une
couple de montagnes et à vérifier la distance du pic de Montaigu au pic
du Midi. Dans le cours de ces opérations, que j’ai exécutées à l’aide d’un
petit cercle répétiteur, je me suis procuré plusieurs bases verticales, en
, prenant les angles au zénith de quelques sommets dont je mesurais la
hauteur relative, à l’aide du baromètre. Ce procédé est très expéditif et
très sûr, parce que, d’une part, les observations barométriques n’ont
jamais plus d’exactitude que lorsqu’elles sont faites de sommets à
sommets, même à de très grandes distances horizontales, et que, de
l’autre, les angles au zénith pris à la fois des divers sommets où l’on a
porté le baromètre se corrigent respectivement de l’effet de la réfraction et
de l’abaissement du niveau. Je recommande cette méthode à ceux qui ont
à tracer dans le moindre espace de temps possible la topographie d’un pays
de montagnes. L’idée m’en a été suggérée par M. Allent, lieutenant-colonel
du génie, et l’essai que j’en ai fait a complètement répondu à notre attente. »
Et en note, l'auteur ajoutait : « Depuis que ceci est écrit, nos bases ver
ticales ont pris beaucoup de faveur Au reste, tandis que j’essayais cette
méthode, M. de Humboldt l’employait de son côté et bien plus en grand,
pour opérer la jonction de Mexieo avec le port de la Vera-Cruz, sur une
distance de plus de 3o myriamètres. »
Nous avons déjà réclamé pour d’Aubuisson l’idée d’employer une règle
unique à la mesure des bases. Voici à quelle occasion il inaugura ou plu
tôt il rendit plus précis un procédé qui a été pratiqué de tout temps dans
les mesures courantes.
Pour comparer les résultats que l’on peut obtenir à l’aide du baromètre
avec ceux que donne plus sûrement la Trigonométrie, d’Aubuisson avait
choisi le mont Gregorio qui est le pilier occidental de l'entrée de la vallée
d’Aoste, terminé par un étroit plateau à 1700™ de hauteur environ au-dessus
de la plaine du Piémont. Il avait mesuré une base de 67o" 1 dans cette
plaine à 6 kra delà cime et effectué une triangulation avec un cercle répéti
teur de Lenoir. Sur les alignements de la base, légèrement brisée en trois