CHAPITRE I. — HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES. 33g
Il avait donné, au début, à la boîte ou à ce qu’il appelait le
vase barométrique la forme d’une sphère aplatie, analogue sans
doute à celle de la montre de Conté mais déjà mieux appro
priée à sa destination, et était arrivé, après bien des tâtonne
ments, à celle d’un cylindre d’une hauteur de plusieurs centi
mètres plissé circulairement de haut en bas et parallèlement
aux bases qui le faisait ressembler à un soufflet et enfin à la
petite boîte toujours cylindrique, à bases circulaires et on
dulées du centre à la circonférence mais très réduite en hau-
leur qui a prévalu.
Cet organe essentiel du baromètre anéroïde est bien connu,
et les continuateurs de Yidie, Naudet, Hulot, Breguel, Richard
père, etc., tout en variant et perfectionnant les détails du mé
canisme qui sert à transmettre à l’aiguille indicatrice du cadran
les mouvements dus aux déformations que lui font subir les
variations de la pression atmosphérique, l’ont conservé.
vention, et en restant dans le même ordre d’idées, il songea à la construc
tion d’un baromètre également fondé sur l'élasticité de lames de métal
enveloppant une capacité privée d’air. Après bien des insuccès et des
déboires, l’inventeur ayant constaté que ses baromètres anéroïdes (sans
fluide) marchaient d’accord avec le baromètre à mercure, essaie vainement
de les répandre en France et, il faut l’avouer, c’est en Angleterre qu’ils
sont tout d’abord appréciés par les marins, puis par les astronomes. L’in
différence ou même la prévention qui existait en France à l'égard de cette
si intéressante innovation était telle que dans le même temps où Vidie
livrait cinq mille baromètres anéroïdes aux Anglais, c’est à peine s’il lui en
était demandé une centaine dans son pays.
A la même époque, deux autres inventeurs, l’ingénieur prussien Schnitz
et le célèbre mécanicien Bourdon donnaient une autre forme très ingé
nieuse, celle d’un tube à section lenticulaire recourbé circulairement, à
des appareils dont on pouvait, selon leur construction, faire des manomètres
ou des baromètres. Le succès prodigieux des manomètres Bourdon, qui ré
pondaient à ce besoin urgent pressenti par Vidie (sans qu’il eût donné
une solution pratique du problème qu’il avait laissé de côté pour réaliser
le baromètre anéroïde), faisait évanouir les préjugés qui avaient entravé
le succès des baromètres métalliques. Mais Vidie n’en put pas profiter, ses
brevets étant près d’expirer; il en résulta une grande irritation de sa
part, des accusations de contrefaçon et des procès regrettables qu’il con
vient d’oublier, aujourd’hui que les deux inventions rendent de si grands
services, sans cesser de reconnaître le mérite de Vidie dont le nom, encore
méconnu souvent à l’étranger, doit être considéré comme celui de l’un des
plus grands bienfaiteurs de l'humanité. Ceux qui voudraient connaître en
détail les phases de la découverte de Vidie pourraient consulter Y Histoire
des baromètres et des manomètres anéroïdes et la biographie de Lucien
Vidie, par Auguste Laurant (E. Dentu, Paris; 1867).