CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 379
dans les commencements surtout, sans beaucoup de souci de
la vérité ni même de l’effet et souvent comme un accessoire,
puis peu à peu avec plus de soin et de recherche et finalement
avec infiniment de goût ( 1 ).
Il faut cependant convenir que cetteTopographie ne présen
tait pas, en général, tous les caractères d’exactitude désirables,
et c’est seulement à partir du xv c et du xvi e siècle que l’on
voit les artistes s’attacher de plus en plus à observer les règles
de la Perspective.
Nous ne serions pas un historien fidèle si nous omettions
de rappeler que les fautes faciles à relever, par exemple, dans
les œuvres de nos admirables peintres verriers et de nos grands
tapissiers des Flandres et de l ile de France du xm e et du
xiv e siècle étaient souvent des dérogations instinctives ou même
voulues à des règles encore mal connues, comme celles que
pratiquèrentplus tard, jusque dans leurs tableaux de chevalet
comme dans leurs cartons pour des panneaux décoratifs de
tapisseries, de verrières, pour les voûtes et les plafonds, les
peintres de la Renaissance les plus savants elles plus habiles.
On sait, en effet, que sur les vitraux et les tapisseries, pour
nous en tenir à ces deux arts, la décoration doit être faite
avant tout pour attirer et retenir l’œil du spectateur à la sur
face même du verre ou du tissu et non pour le provoquer à en
sortir par l’illusion de la profondeur.
Nous pourrions encore, à ce propos, invoquer les effets si
agréables que produit la perspective fantaisiste, purement dé
corative, des Chinois et des Japonais sur leurs laques, sur leur
papier et leurs étoffes éclatantes, que l’on n’oserait, dans aucun
cas, conseiller d’imiter chez nous. Mais ces questions d’esthé
tique nous entraîneraient bien trop loin hors de notre sujet et
( 1 ) Voir les manuscrits de la Bibliothèque Nationale, notamment Ze Livre
des Merveilles et Les Chroniques de Froissart; Louis Batissier, Histoire
de l’Art monumental et de la Peinture sur verre; Albert Lenoir, Archi
tecture monastique; Du Sümmerard, Les Arts au moyen âge; L’Œuvre
des Peintres verriers français, par Lucien Magne ; L’Histoire de la Tapis
serie, par Guiffret; La Tapisserie, par E. MÜNTZ, édition Quantin; Les
Manuscrits et les Miniatures, par Lecoy de la Marche, édition Quantin ;
les publications du South Kensington Muséum, entre autres Ivories ancient
and medioeval, Fictile ivories; le Catalogue et l’Atlas de la Collection
Spitzer, etc.