CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 385
ment employé à des époques rapprochées de nous, et il est
sûrement intéressant de faire remarquer cette tendance à figu
rer à la fois les deux projections verticale et horizontale des
édifices, à trois ou quatre mille ans d’intervalle.
On n’a pas rencontré jusqu’à présent de plans dessinés par
des architectes grecs ('), mais on peut être certain qu’ils
étaient exécutés avec autant de soins et de détails que ceux
des Romains dont plusieurs spécimens nous sont parvenus,
au nombre desquels le plus connu est celui qui est tracé sur
les pierres dites capitolines et dont nous donnons (fîg. i38)
quelques fragments d’après Canina (-).
Pendant les premiers siècles qui suivirent la chute de l’em
pire romain, l’Architecture subit le même sort que tous les
autres arts, et elle ne recommença à être cultivée dans notre
Occident que grâce au zèle et aux lumières des ordres religieux.
Le plan dessiné géométriquement au commencement du
ix e siècle que l’on cite avec raison comme l’une des meilleures
preuves de cette première renaissance, due à Charlemagne,
est celui de l’abbaye de Saint-Gall ( 3 ). Nous ne saurions mieux
faire, pour appuyer cette opinion, que de renvoyer le lecteur
à XArchitecture monastique d’Albert Lenoir (■'•), Ouvrage
dans lequel est reproduit le plan et dont nous extrayons le
passage suivant qui en précise la nature et le but ainsi que les
circonstances dans lesquelles il a été composé :
« Projets et dessins. — Du jour où les monastères ne for
mèrent plus des réunions de cellules sans ordre et sans symé-
(’) Dans ses excellentes Études épigraphiques sur l’Architecture
grecque, M. Aug. Choisy constate, non sans surprise, l’absence de ces
plans en même temps que l’existence de décomptes et de devis très dé
taillés. (Voyez les notes à la lin du second Volume.)
( s ) Ces pierres, conservées au Capitole, étaient des tables de marbre qui
formaient le pavé du temple de Vénus et Rome et sur lesquelles était gravé
le plan général de Rome à une assez grande échelle.
( 3 ) On cite encore les tables d’argent de Charlemagne avec les représen
tations gravées « Totius mundi », « Romance urbis » et « Urbis Constan-
tinopolitance ». Mais on ne sait pas comment étaient dessinés cette carte
et ces plans ni l’époque exacte à laquelle ils avaient été exécutés.
( 4 ) Collection des documents inédits pour l’Histoire de France, 3° sé
rie : Archéologie, Architecture monastique, par Albert Lenoir (Paris,
Imprimerie Nationale; i852).
L.
25