396 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
salem tiré d’un manuscrit du xn e siècle conservé à la biblio
thèque de Bruxelles ( ' ).
L’un des plus curieux documents du même genre que
l’on puisse citer est l’itinéraire de Londres à Jérusalem, de
Mathieu Paris, au xm e siècle ( 2 ), où l’on trouve chacune des
villes situées sur le chemin du voyageur figurée soit par une
enceinte crénelée, soit par des églises, des clochers, ou même
par ces deux espèces de dessins en quelque sorte symboli
ques le plus souvent, avec une rivière, un fleuve ou la mer
grossièrement représentés comme les édifices eux-mêmes.
Il est à peine besoin de dire, dès lors, que les vues de Rome
et de Jérusalem y sont traitées comme les autres, c’est-à-dire
qu’elles sont absolument insignifiantes.
Il en est d’ailleurs de même de tous les essais deTopographie
faits sur les cartes et jusque sur les mappemondes du xi e au
xvi e siècle reproduites dans les Atlas de Jomard et de Lelewel.
En un mot, l’art de la Topographie est peut-être l’un de ceux
qui ont éprouvé l’éclipse la plus complète et la plus prolongée.
Avant d’avoir pu songer à le relever, et sans savoir ce qu’il
avait été, dès l’aurore de la Renaissance en Italie, les artistes
que l’on a qualifiés de primitifs ne s’étaient pas uniquement
inspirés des œuvres des peintres et des architectes byzantins;
ils avaient été frappés de la grandeur des ruines et des monu
ments de l’époque impériale restés debout, particulièrement
à Rome ( 3 ).
Alberti, Bramante et d’autres encore parmi les architectes,
les peintres également, depuis Cimabue, furent ainsi conduits
à reconstituer ces monuments, et quelques-uns d’entre eux
entreprirent même de les représenter dans leur ensemble
( ’) Ce plan se trouve reproduit dans l’Atlas de la Géographie du moyen
âge, de Joachim Lelewel (Breslau, i85a) ; et dans Les Voyageurs anciens
et modernes, par Ed. Charton (Paris, i854).
( 3 ) Manuscrit conservé au Musée britannique, reproduit en fac-similé
dans Les Monuments de Géographie, de Jomard ( Paris, sans date, sous
le second Empire).
C 3 ) Il est néanmoins certain que ni les invasions des barbares ni le sac
de Rome n’avaient autant dégradé les monuments anciens les plus remar
quables et les plus considérables que ne le firent les architectes les plus
célèbres de la Renaissance, qui les exploitèrent pour se procurer les ma
tériaux nécessaires à la construction de leurs propres édifices.