4l6 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
Beaulieu et à Le Pautre, que l’on commençait à dessiner sépa
rément le plan et les profils, c’est-à-dire les vues pittoresques,
et que les demi-perspectives, quand elles étaient conservées,
ne s’appliquaient plus qu’aux villages, aux groupes de maisons
isolées et aux arbres, les accidents du terrain étant projetés
horizontalement comme tous les détails du plan, mais accusés,
mis en relief au moyen d’ombres supposées déterminées par
une lumière oblique dirigée du Nord-Ouest au Sud-Est.
A la fin du xvn e siècle, d’ailleurs, il n’y avait pas que le Ca
binet topographique du Roi ; Louvois avait déjà fait réunir dans
son hôtel un grand nombre de plans, de cartes et de Mémoires
militaires concernant la France et les pays voisins, dont l’en
semble devint par la suite le noyau du Dépôt de la Guerre.
Les officiers du génie, appelés d’abord ingénieurs du roi, fai
saient les plans et les projets des places fortes et la reconnais
sance des frontières; enfin, en 1696, Vauban, pour les soulager,
avait obtenu la création d’un corps d’ingénieurs-géographes ou
des camps et armées, rappelant les castrorum metatores des
Romains, chargés spécialement de lever les plans des champs
de bataille, de faire les cartes des frontières et celles des pays
parcourus par les armées. Cependant les officiers du génie
ne pouvaient ni ne devaient se désintéresser de l’étude des
frontières, et il s’en trouva toujours qui, instinctivement pour
rait-on dire, s’attachèrent à pratiquer et à perfectionner la
Topographie. On croit même que, par esprit de rivalité, ils pro
voquèrent, une première fois, la suppression des ingénieurs-
géographes en 1791.
Quoi qu’il en soit, cette rivalité n’a pas été stérile, et nous
allons essayer de donner une idée de l’influence de chacun
des deux corps sur les progrès d’un art qu’ils cultivaient avec
une véritable passion et une grande préoccupation patriotique.
Les ingénieurs des camps et armées, comme les ingénieurs
militaires, étaient nommés immédiatement après un examen
fait par un chef autorisé. Pendant plus d’un demi-siècle, les
uns et les autres n’eurent d’autre école que la tradition et les
exercices dans le cabinet ou sur le terrain. Il en fut toujours
ainsi d’ailleurs pour les ingénieurs-géographes jusqu’à la fin
de la première période de leur existence; il n’y avait donc