CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 4'i3
beaucoup, à l’École de Mézières, du problème du défilement
des ouvrages de fortification dont la solution avait été déjà
facilitée par l’idée heureuse, venue au célèbre hydraulicien
du Buat, de représenter un plan par son échelle de pente.
Il s’agit, comme on sait, dans le défilement, de mener un plan
tangent au terrain par une droite qui est habituellement une
crête d’ouvrage définie par deux cotes extrêmes; mais un
terrain parsemé de cotes isolées, même nombreuses ('), se
prêtait encore mal à des constructions rapides. En recourant
aux courbes du niveau ou aux sections horizontales de Buache
et de Ducarla, Meusnier, à peine sorti de l’École, leva en 1777
celte difficulté et paracheva la solution.
Nous devions donner cet historique assez détaillé de l’in
vention des plans cotés, des courbes de niveau et de la Géo
métrie particulière à laquelle elle a donné naissance, ne
fût-ce que parce qu’elle fait le plus grand honneur aux ingé
nieurs militaires français, mais aussi à cause du rôle consi
dérable, prépondérant, pourrait-on dire, de ce dernier mode
de représentation du relief du terrain dans la Topographie
moderne.
L’illustre Meusnier, qui avait conseillé l’emploi de ces
courbes pour représenter le terrain dangereux sur les plans
de fortification, en avait fait lui-même l’application, en 1789,
à la construction d’une Carte de la rade de Cherbourg, la pre
mière de ce genre qui ait été exécutée avec tout le soin dési
rable (-). Toutefois les courbes avaient été encore tracées, et
nécessairement dans ce cas, en se guidant [voyez la note ( 1 )
de la présente page] d’après les cotes isolées de points plus ou
moins rapprochés, mais bien déterminés. On a opéré pendant
longtemps et l’on opère encore souvent de même pour figurer
le relief du terrain, mais en s’aidant des formes apparentes
(>) On avait fini par adopter les plans cotés, mais on se contenta pen
dant longtemps de cotes isolées dont on se servit plus tard, comme guides,
même à titre d’exercice, pour filer les courbes.
(») Avec le concours de sept officiers du génie, la plupart très distin
gués : CafTarelli du Falga, Aubert du Pelit-Thouars, Huvier, Catoire, Simon
de Morselier, Lenoir du Lanchal et le chevalier du FJuat de Sasseguières.
(Augoyat, t. 11, p. 647.)