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CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 4^7
En 1799, un Saxon', nommé Lehmann, frappé sans doute
de la tendance que nous venons de relever sur les cartes gra
vées, y compris celle de Cassini, avait cherché à systématiser
le procédé des hachures en proposant formellement de diriger
( celles-ci suivant les lignes cle plus grande pente, en les
traçant fines ou en les renforçant, en les espaçant ou en les
rapprochant, selon le degré variable des pentes.
Il n’était plus question, dans ce système que l’on a impro
prement qualifié de lumière verticale, ni d’orientation des
teintes ni d’éclairage, et son application eût été assez difficile
et toujours très imparfaite sans l’invention des courbes hori
zontales que Lehmann paraît avoir ignorée.
Quoique nous ayons rapporté à l’Ecole de Mézières et à
Meusnier en particulier l’honneur d’avoir montré futilité de
ces courbes pour résoudre le problème du défilement, c’est
seulement en novembre 1802 que fut exécuté le premier plan
nivelé par courbes horizontales d’un pays de montagnes.
Ce plan était celui de la Rocca d’Anfo, sur le Ciñese, à l’un
des débouchés du Tyrol sur la Lombardo-Vénétie, levé sous
la direction des chefs de bataillon du génie Haxo et Liédot,
chargés d’étudier le projet de défense de cette position ( 1 ).
A la même époque, le service du Génie venait d’organiser
une brigade topographique pour exécuter les levers détaillés
des places fortes et du terrain environnant; l’École de l’Artil
lerie et du Génie était installée à Metz et, dès son origine, le
professeur d’Architeclure militaire Dobenheim y faisait établir
les projets de fortification sur des plans nivelés par courbes
horizontales ( 2 ); enfin, la Commission chargée de simplifier
et d’uniformiser les signes et les conventions en usage dans
les cartes, les plans et les dessins topographiques avait été
également instituée en 1802, comme nous l’avons dit plus
haut.
(*) Augoyat, Essai historique sur la fortification, etc., et Mengin-
Lecreulx, Biographie du général Haxo.
( 2 ) L’École Polytechnique, qui datait pourtant de 179L était encore un
peu en retard; les méthodes de Monge y étaient surtout en honneur et
l'on y résolvait les problèmes du défilement au moyen de deux plans de
projection. Ce fut un peu plus lard que le capitaine Clerc y introduisit la
construction et l’usage des courbes de niveau.