CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 4^7
de l’imitation de la nature, s’en est éloigné et y est revenu al
ternativement, tantôt associant la Perspective à la projection
horizontale du terrain, tantôt séparant ces deux modes de re
présentation, mais les conservant pour les placer l’un à côté
de l’autre, enfin excluant tout à fait le premier et repous
sant alors jusqu’à l’intention de produire sur la projection
horizontale les effets naturels à l’aide de teintes appliquées
sur la carte considérée elle-même comme un tableau exécuté
d’après un modèle en relief du terrain convenablement éclairé.
Sans méconnaître les efforts très intéressants tentés pendant
assez longtemps dans d’autres pays et notamment en Italie,
mais en nous en tenant à ceux qui ont fait tant d’honneur
au nôtre, surtout depuis l’organisation du corps des ingé
nieurs-géographes, nous avons vu s’accentuer la tendance tout
à fait remarquable à réaliser une Topographie pittoresque,
attrayante, qui n’en conservait pas moins la rigueur géomé
trique dans ses moindres détails. Malheureusement, à deux
reprises, et pour l’exécution des grandes cartes qui ont eu
tant de réputation, parce qu’elles répondaient à des besoins
immédiats, la Carte de Cassini et celle dite de l’État-Major,
les méthodes élaborées si patiemment et si habilement par les
membres de ce corps et par certains officiers du génie qui riva
lisaient avec eux furent méconnues et abandonnées.
C’est à peu près au moment où la Carte de Cassini venait
d’être achevée et en môme temps que le Cadastre général de
la France était décrété en 1791, que le corps des ingénieurs-
géographes fut supprimé une première fois, sous le prétexte
qu’il était devenu inutile.
Quand, en 1793, sur la demande pressante des chefs de nos
armées, on reconnut la nécessité de le rétablir, presque tous
ses membres étaient dispersés (* ), et, pour le recruter, il fal
lut recourir à quelques jeunes gens instruits, soumis à des
examens sommaires et rapidement exercés, et à un certain
(<) Plusieurs parmi les plus distingués voyageaient au loin, les uns
embarqués et rendant de grands services à nos plus illustres navigateurs,
Bougainville et le comte d’Estaing, d’autres parcourant l’Inde, la Califor
nie, etc. (Mémorial du Dépôt de la Guerre, t. I, p. 126).