438 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
nombre d’ingénieurs du Cadastre, formés eux-mêmes dans
l’École dirigée par Prony. Les anciennes traditions semblaient
bien compromises ; cependant elles ne tardèrent pas à re
naître, et le Dépôt de la Guerre, auquel était rattaché le nou
veau corps, les vit bientôt, à l’exemple de leurs devanciers, se
passionner pour leur art, comme en témoignent les œuvres
citées et les délibérations de la Commission de 1802.
La nécessité d’une nouvelle Carte de France ayant été gé
néralement reconnue dès les premières années de la Restau
ration (la Carte de Cassini avait fait son temps) (<), celle de
recourir à un nombreux personnel militaire s’imposait. Préci
sément le corps d’État-Major venait d’être créé en 1818, et
les officiers qui le composaient devant être exercés à faire des
reconnaissances, on pensa à les charger de compléter les
Cartes du Cadastre réduites à l’échelle de ^ôtôô, puis de jôho-
et d’y figurer le relief du terrain à l’aide de courbes horizon
tales rattachées à des repères exacts qui leur étaient donnés
et qu’ils devaient multiplier selon les localités plus ou moins
accidentées où ils opéraient.
( 1 ) Nous ne saurions assez répéter que cette carte, malgré ses imper
fections, méritait la faveur dont elle a joui, mais cela ne nous empêche
pas de maintenir la réserve formelle que nous avons faite au sujet de la
manière dont elle était dessinée. Il est assez curieux d’ailleurs de voir com
bien elle a été appréciée diversement à des époques peu éloignées l’une
de l’autre. En 1802, par exemple, dans sa Notice historique sur le Dépôt
de la Guerre, le général du génie Pascal-Vallongue, directeur-adjoint de
cet établissement, allait jusqu’à écrire : « La Topographie avait fait en
core peu de progrès ; elle attendait la Carte de Cassini pour paraître
avec tout l’avantage que ce grand et bel Ouvrage lui a donné sur tout ce
qui s’était fait en ce genre dans le reste de l’Europe et sur presque tout
ce qui s’est fait depuis. » Tandis qu’en 1828, dans une autre Notice sur la
situation du Dépôt de la Guerre, on trouve ce jugement : « L’utilité d’une
nouvelle Carte de France est généralement reconnue; celle de Cassini
n’était pas établie sur des bases suffisamment exactes; elle manquait d’in
dications nécessaires mentionnées dans toutes les cartes modernes publiées
par les gouvernements étrangers; d’autre part, la configuration du ter
rain ne présentait aucune vérité. » Cassini était naturellement plus in
dulgent pour son œuvre, mais il comprenait cependant qu’il lui manquait
quelque chose d’essentiel. « Il ne manquerait plus qu’un nivellement de
toute la France pour juger de la possibilité de tous les projets que l’on
présente au Ministère, disait-il; cette entreprise, qui serait présentement
très dispendieuse, était une suite de celle de la Carte de France, si les ingé
nieurs avaient eu des instruments pour prendre des angles de hauteur. »