LES INSTRUMENTS, LES METHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
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VI. — Tentatives faites à la même époque, pour utiliser ta
Photographie dans les reconnaissances orographiques et
géologiques.
A la même époque, c'est-à-dire en 1858, un ancien officier
du Génie, Aimé Civiale, commençait, avec des appareils de la
forme ordinaire, de grandes dimensions et munis d’organes
de précision, une série de travaux sur l’importance desquels
il convient d’insister, car ils sont les premiers de ce genre qui
aient été entrepris, en ouvrant une voie féconde.
Il s’agissait, en effet, d’appliquer la Photographie à l’étude
de la constitution physique et géologique des hautes mon
tagnes. Après de premiers essais faits dans les Pyrénées, le
courageux et habile opérateur n’hésitait pas à entreprendre
l’exploration méthodique de toute la chaîne des Alpes suisses,
françaises, italiennes et autrichiennes ( ' ). Partout Civiale s’at
tachait à déterminer, d'une part, la nature géologique des
roches et, de l’autre, l’orientation et la situation exacte, sur la
carte, des vues panoramiques qu’il allait prendre le plus sou
vent à de très grandes altitudes.
On se fera une idée du mérite et des difficultés de celte
entreprise pour peu que l’on veuille se souvenir qu’à l’époque
dont il s’agit, de 1808 à 1868, il fallait employer en pareilles
circonstances le papier ciré sec et des appareils de grandes
dimensions, les manipulations du collodion humide étant à
peu près impraticables et les glaces en général trop fragiles (-),
enfin les épreuves ne pouvant pas subir, comme aujourd’hui,
des agrandissements sensibles. Le format qu’il avait adopté
(’) Il devait y consacrer dix années de sa vie et des sommes considé
rables. Aussi croyons-nous devoir donner quelques détails sur cette oeuvre
de dévouement dont les résultats dépassaient de beaucoup tout ce qui avait
été tenté ou même pressenti jusqu’alors dans cet ordre d’idées.
( 2 ) Deux opérateurs français, très habiles et très entreprenants, les frères
Bisson, avaient cependant fait, d'un autre côté, d’assez nombreuses ascen
sions, en se chargeant de plaques de grandes dimensions et de tout l’atti
rail nécessaire pour l’emploi du collodion humide, mais ils n'avaient pas
persévéré pendant bien longtemps.