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tifications tant privées que publiques qu’on lui décréta pendant son séjour à l’université,
il les employa consciencieusement à se perfectionner dans sa science. A cette époque
il écrivit plusieurs traités dont quelques-uns sont insérés dans le journal "Magazin for
Naturvidenskaberne”. Le problème qui l’occupait alors plus particulièrement, fut de
trouver la résolution générale des équations du 5 me degré, problème qui depuis long temps
a occupé presque tous les mathématiciens d’un rang distingué. Abel se flatta une fois
d’avoir trouvé cette résolution, mais malheureusement il y avait commis une erreur dont
il s’aperçut lui même le premier* Cependant cela ne le rebuta point; au contraire il se
proposa de trouver cette résolution, ou d’en démontrer l’impossibilité. Pour cette der
nière tâche elle lui réussit, et il en écrivit la démonstration en français, langue dont il
se servit dans la suite pour écrire ses mémoires ou traités, et qu’il fit publier à Chri
stiania en 1824 sous titre ”Mémoire sur les équations algébriques où on démontre l’im
possibilité de la résolution de l’équation générale du cinquième degré”. Ainsi ce fut Abel
qui le premier parvint à débrouiller cette partie importante de la théorie des équations
algébriques, découverte qui, comme l’a dit Legeîidre, doit être regardée comme la plus
grande qui restait à faire dans l’analyse.
En juillet 1825 il sollicita auprès du gouvernement un bénéfice de 600Sp. par an
pour continuer ses recherches dans l’étranger, et notamment à Paris, pendant deux ans.
On lui accorda aussitôt sa demande, et le même été il partit pour Berlin, suivi de quel
ques jeunes littérateurs et savants Norvégiens. Son premier plan avait été d’aller d’abord
à Paris, mais il l’abandonna dans la suite pour profiter de la compagnie de ses amis et
compatriotes. Bans la première lettre qu’il m’adressa de Berlin, il se félicite d’avoir pris
la route de Berlin avant celle de Paris, ayant eu la satisfaction de faire à Berlin la con
naissance de Mr. Crelle, dont il ne sait pas assez vanter l’accueil prévenant et la bienveil
lance. Il devint bientôt l’ami intime de Mr. Crelle, et la correspondance qui s’établit
entre eux, dura jusqu’à sa mort. Ce qui contribua d’abord à sa célébrité littéraire, c’est
le journal de Mr. Crelle dont le premier cahier parut pendant le séjour à’Abel à Berlin
au commencement de 1826, et dont Abel devint un des collaborateurs les plus actifs, cha
que cahier contenant un ou deux de ses traités, lesquels à leur tour ne contribuèrent pas
peu à établir la réputation bien méritée de ce journal.
Vers la fin de février il quitta Berlin et après s’être arrêté par intervalles à Léipsic,
Friberg, Dresde et Prague, il arriva vers la mi-avril à Vienne. Il apporta de Mr. Crelle
des lettres de recommandation pour Mrs. Littrow et Burg. Vers la fin du mois de mai
il quitta Vienne, traversa une partie de l’Italie et de la Suisse, et arriva au mois de juillet
à Paris, muni de lettres de recommandation de Mrs. Littrow et Crelle pour Mrs. Bouvard
et Hachette. Il y fit en même temps la connaissance de plusieurs mathématiciens, parmi
lesquels se trouvait l’illustre Mr. Cauchy.
En janvier 1827 il quitta Paris pour se rendre à Berlin, d’où il alla à Copenhague, et
de là il arriva à Christiania au mois de mai.