LE CALCUL ALGÉBRIQUE
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évidence les caractères fondamentaux que nous retrouvons dans
toutes les autres.
Premier caractère : les formules de l’algèbre, depuis François
Yîète (*), portent d’ordinaire sur des lettres, et c’est ainsi quelles
fournissent à l’avance des réglés invariables, applicables a une
infinité de questions : autant de valeurs différentes on donne aux
lettres, autant l’on a de problèmes pour lesquels vaut la même
règle.
Second caractère fondamental : l’analogie que l’algèbre établit
entre les nombres fournis par des problèmes différents est une ana
logie de structure. Imaginons, par exemple, que deux questions
fassent intervenir, chacune, une quantité ( 2 ) délinie comme pro
duit d’une somme de deux nombres par le carré d’un troisième :
l’algèbre notera cette ressemblance en écrivant les deux quantités
sous la même forme : (a -h h) x à ou ( 3 ) (a -h b). cK et elle ne se
préoccupera pas de savoir si les valeurs des nombres a, b, c diffèrent
d’une quantité à l’autre.
Nous découvrons ainsi l’un des principaux secrets de l’algèbre,
secret bien simple, mais dont encore il fallait s’aviser : V-algèbre,
en principe, n effectue pas les opérations : supposons, par exemple,
qu’elle ait à parler de la somme de a et de b : au lieu de calculer
celte somme ou de la désigner par une lettre a, elle écrit a -+- b
ou (a 4- b) et ne cherche pas plus loin. Dès lors, dans une formule
algébrique, la structure ou composition des nombres apparaît tou
jours. Cela permet de voir du premier coup d’œil la connexion
qu’il y a entre une formule et tels ou tels problèmes, différents
par les nombres qui y figurent, mais semblables par les opérations
qui y interviennent. D’autre part, la formule est toujours prête à
subir immédiatement de nouvelles transformations.
( l ) En établissant une distinction systématique entre la logisiica nume-
rosa (calcul numérique) et la logistica speciosa (calcul portant sur des
lettres), Viète constitue l’algèbre moderne en science autonome. [Cf le
Cours mathématique d’ÜERiGONE, t. II, i635 où les deux algèbres sont
appelées : algèbre nombreuse et algèbre spécieuse]. Sur les symboles litté
raux en algèbre, voir aussi p. 281, note 1 et n° 280.
(*) J’entends ici par le mot « quantité » : « résultat d’une opération », ou :
« mesure d’une grandeur, affectée du signe + ou — », par conséquent:
« nombre relatif ». Voir aussi infra, n°3o7.
( :J ) Voir sur ces signes, le Prem. lia., ch. 1, § 2.