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LE CALCUL ALGÉBRIQUE
étant donnée, il n’est pas possible de former (en combinant des
opérations effectuées sur les coefficients a 0 , ... a 5 ) une expression
algébrique qui représente une racine de cette équation ; il n’est pas
possible, en d’autres termes, de trouver une expression algébrique
des racines, qui soit composée de nombres arithmétiques, des
lettres a 0 , ai,... a 5 , et des signes opératoires classiques -t-, —, x , etc.
Nous comprendrons facilement la signification de cette propo
sition d’Abel si nous nous reportons aux n os 67 et 122 de notre
Premier Livre. Supposons, pour fixer les idées, que les coefficients
a Q , ... a s d’une équation (17) soient des nombres rationnels; les
valeurs des racines ( x ) seront, — comme il arrive pour toute
équation, — déterminées par les valeurs des coefficients a 0 , ... a 5 ;
mais, en général, ces racines sont — comme les nombres tî et e —•
des nombres qui ne peuvent pas être définis comme résultats d’opé
rations connues.
La recherche de critères permettant de reconnaître si une
équation polynomale donnée, de degré supérieur à 4 est résoluble
par radicaux ( 2 ), — c’est-à-dire a des racines calculables par
radicaux (voir p. 77, note 1) — est l’un des prolèmes les plus
importants de l’algèbre. Pour en venir à bout il fallut recourir à
une méthode en apparence fort détournée, dont l’invention est due
principalement à un jeune mathématicien parisien du xix® siècle,
Evariste Galois ( 3 ), mort à vingt ans en i83a.
351. — Etant donnée une équation polynomale de degré quel
conque, la méthode de Galois nous apprend, pourrait-on dire ( 4 ),
quels sont les nombres qu’il faudrait adjoindre aux nombres « or
dinaires » (nombres rationnels et nombres calaulables par radicaux)
(*) Nous admettons que l’équation dont il s’agit a des racines. D’après
le n° 358, elle en a toujours au moins une.
(*) Précisant la question, on devra distinguer entre le cas où toutes les
racines et le cas où une partie seulement des racines de l’équation sont
calculables par radicaux.
( 3 ) Le mémoire fondamental de Galois sur la théorie des équations ne
fut publié qu’en iS46 : « Mémoire sur les conditions de résolubilité des
équations par radicaux » ( Journal de Liouville). La méthode de Galois
fait intervenir la théorie des groupes dont nous parlerons ultérieurement.
( 4 ) Nous ne pouvons pas préciser ici cette indication très vague. On
trouvera l’exposé de la théorie de Galois dans les traités d’algèbre
supérieure.