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CALCUL DES FONCTIONS
dans les écrits de Descaries, Leibniz, Newton. C'est pourquo
l’interprétation géométrique de la théorie des fonctions fut origi
nairement confondue avec la théorie elle-même. De nos jours
encore, la figure géométrique est, pour la plupart d’entre nous, le
vêtement obligé des relations fonctionnelles abstraites que notre
esprit ne parviendrait pas à saisir directement. Le lecteur peu fami
liarisé avec la notion de fonction est donc invité à s’aider du cha
pitre in de ce Livre s’il veut suivre facilement le présent paragraphe
et les suivants. Comme nous l’avons annoncé, nous irons ici droit
au but, renvoyant à plus tard tout ce qui a trait à l’évolution
historique de la fonction.
388. Fonctions algébriques d une variable x. — Soit /( x)
une expression qui est algébrique au sens des n os 278 et 379 par
rapport à £c, et dépend d’ailleurs, d’une manière quelconque, de
nombres connus ou de lettres représentant des nombres connus :
cette expression est une fonction algébrique de x,
y =/0)-
Dans l’expression f{x), x est la « variable » ; les nombres con
nus (ou fixes) qui ne varient pas avec x, et toutes les expressions
formées avec ces nombres, sont appelés constantes.
Nous avons défini aux n os 311 et 315 les fonctions f{x) les plus
simples : fondons entières ou ¡tolynomales polynômes en x dont
nombre de minutes ou de secondes ou de fractions de secondes écoulées
depuis un instant initial donné, cf. infra, n° 896 et Trois. Lia.). Mais
Newton observa tout de suite que tous les résultats qu’il obtenait
restent exacts dans le cas où la variable indépendante n’est plus le temps
(qui fintervient dans les phénomènes physiques), mais bien une quan
tité variable quelconque dont dépendent d’autres quantités variables
(cf. ch. 1, § 4). « Idcirco in iis quæ sequuntur, tempus formaliter non con
sidero, sed suppono quod una ex propositis quantitatibus homogena cum
aliis crescat æquabili Fluxu, ad quam ceteræ tanquam ad Tempus
referantur, quæ ideo per Analogiam non inconcinne dici potest Tempus.
Quoties igitur vox tempus in sequentibus invenietur, .. hoc verhum
sumendum est, non quasi Tempus intellexissem in sua formali signi
ficatione, se i tanquam significans quantitatem illam à Tempore di
versam, cujus æquabili Incremento vel Fluxu Tempus exponitur et
mensuratur » (Methodus fluxionum, apud Opuscula Mathemat., t. I, lyff,
p. 54).