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l’algèbre géométrique
aussi que la conception moderne du nombre avait eu beaucoup de
peine à s’imposer et que l’on s'était longtemps obstiné à étudier
séparément les opérations effectuées sur les quantités irrationnelles
et les opérations de l’arithmétique (cf. Premier Livre chap.II, § 5).
Aujourd’hui, certes, nous n’avons plus de raison de répéter deux
fois la même chose, et d’appeler de noms différents deux opéra
tions identiques ; mais nous conservons toujours le droit de rem
placer, quand il nous plaira, les calculs relatifs aux nombres par
des constructions géométriques ; et c’est de ce droit que nous vou
lons présentement user.
Revenons donc sur nos pas, et voyons quelles ressources peut
offrir à l’algébriste le calcul des grandeurs géométriques.
515. — Le calcul des grandeurs géométriques (*) fut originai
rement fondé sur la théorie des aires et des volumes que nous avons
exposée au chapitre n de notre Premier Livre (§§ 1=3). Ainsi
nous avons vu que le produit de deux longueurs pouvait être défini
comme rectangle, le produit de trois longueurs comme parallélé
pipède. Conformément à cette conception de la multiplication le
théorème de Py thagore (n° 199) s’énonce ainsi :
Si ABC est un triangle rectangle, le carré construit sur l’hypoté
nuse BG est égal à la somme des carrés construits sur les deux cathètes,
ce qui signifie (199) que l’on peut décomposer les deux derniers
carrés en figures partielles qui, étant juxtaposées d’une manière
convenable, seront exactement superposables au carré de côté BG.
xvm e siècles, c’est surtout, croyons-nous — lorsque ce n’est pas simple
ment par respect de la tradition classique — pour des raisons de com
modité. Ces raisons sont invoquées par tous les commentateurs de la
Géométrie de Descartes (voir note 3, p. 5oi).
(*) Le calcul géométrique des grandeurs (résolution des problèmes mé
triques par la géométrie) a souvent été appelé — par M. Zeuthex en
particulier — « algèbre géométrique des Grecs ». Nous éviterons de nous
servir ici de cette expression, le mot algèbre étant pour nous connexe
d’une conception de la science du calcul (voir chap. i, § i), qui est opposée
à celle des Grecs. Cependant les théories que nous allons exposer ren
daient aux géomètres grecs des services analogues à ceux que nous tirons
de l’algèbre; elles fournissaient en effet, une fois pour toutes, des règles
de calcul applicables à des grandeurs quelconques (non déterminées d’une
manière particulière).