20 May 16-37] xxiv. Descartes to Huygens
perdiez le manger et le repos pour feruir vous mefme voitre
malade, quoy que i’apprehendaile pour voitre fanté, i’euiîe
30 penfé commettre vn facrilege iî i’euilè tafché à vous diuertir
d’vn office il pieux et ii doux. Mais maintenant que voitre
deuil, ne luy pouuant plus eitre vtile, ne fçauroit auily eitre
iî iuite, ny par confequent ii accompagné de cete ioye et
fatisfaétion intérieure qui fuit les actions vertueufes et fait
3 j que les iages fe trouuent hureux en toutes les rencontres de
la fortune, iî ie penfois que voitre raifon ne le puit vaincre,
i’irois importunément vous trouuer et tafcherois par tous
moyens de vous diuertir, d’autant que ie ne fçay point
d’autre remede pour | vn tel mal. le ne mets pas icy en
40 ligne de conte la perte que vous auez faite en tant qu’elle
regarde voitre perfonne, et que vous eites priué d’vne com
pagnie que vous cheriiîiez extrêmement, car il me femble
que les maux qui nous touchent nous mefmes ne font point
comparables à ceux qui touchent nos amis, et qu’au lieu que
45 c’eit vne vertu d’auoir pitié des moindres afflictions qu’ont
les autres, c’eit vne efpece de lafcheté de f’affliger pour les
noitres propres: outre que vous auez tant de proches qui
vous cheriilènt que vous ne fçauriez pour cela rien trouuer
à dire en voitre famille, et que quand vous n’auriez que
50 Madame de Willelm a pour fœur, ie croy qu’elle feule eit
fuffifante pour vous deliurer de la folitude et des foins d’vn
mefnage qu’vn autre que vous pourrait craindre apres auoir
perdu fa compagnie. Au relte, ie vous fupplie d’excufer
la liberté que i’ay prife de mettre icy mes fentimens en
33 iuile] ad. qu’au parauant.— aucune des difgraces que la fortune
33 fi] om.— 38 de] à.— 38 d’au- nous peut enuoyer.— yo de Willelm]
tant] à caufe, — 38 fçay] fçache.— de V.— 53 Au refte] om.— 5-4 i’ay
4.1 regarde noilre perfonne] vous prife] ie prens.
regarde. — 46 les noitres propres]
a The name is written in full (correct Vïe^ p. 114, n. b, last paragraph).
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