Ixvii. HüYGENS TO DESCARTES [a? Jan. 1642
« occaiion, fuiuant la priere que M. Defcartes m’en a faide. » a
Vous voyez, Moniteur, que dans cette bonté de | fon naturel
il tefmoigne aulîi celle de fon iugement, m’ettimant plus
capable du jardinage de France que de voftre metaphyiique
et de ce que les fçauants y oppofent. Ces parterres donq,
qui viendront par mer, ne feront que palier par mes mains
aux voftres ; et je penfe qu’Eufkercke les envoyera par
Calais, dans d’autres hardes qu’il va me faire tenir. Fiez
vous de mon entremife ; je n’ay garde de chommer en ce 30
qui touche voftre contentement, mais le Pere Merfenne a un
peu tort de vous faire tant languir apres des pièces qui vous
font ii neceilaires fur le point de la fécondé imprelîîon de
voftre liure. Pour ce qui eft du Traidé de l’Aymant que
voyci, b il m’auoit authorifé de le lire auant que m’en défaire; 35
ce que je vien de faire aueq peine, Payant trouué plein de
greffes faillies de l’eferiuain, qui le rendent encor plus obfcur
que fon mauuais papier, en quelques endroids. Car en
general l’intention de l’auteur eft fort perceptible; et ne
me repens point de l’auoir parcourru. Il eft vray que ce 4°
qu’il appelle demonftration ne me femble pas touiiours l’eftre,
mais j’ay creu en lifant, pour eftre forti depuis peu de la
ledure de voz Méditations, que c’ett là où j’ay gaigné le
gouft li délicat, qu’il n’y a plus de viande ordinaire qui me
puilfe fatisfaire. Outre que les expériences qu’il produid, 45
et dont quelques unes m’ont efté incognues | jufques ores,
m’ont fembié mériter le peu de temps que j’y ay mis. Et
je me fouuiens que ce fut une des caufes pour lefquelles
vous me diftes un jour regretter la mort du Baron Verulam, 0
a On the iyth November, 164.1 (Corresp. CCLIV, p. 45-0, 1. 4 f.). The
‘intime ami 5 , for whom the request was made, was Van Surck (correct
M. Adam’s note). Cf. below, LXIX, p. 16B, 1. 3 and n.
b See below, LXVIIa, p. 1 65, 1. ai n.
c Francis Bacon (15-61-162.6), Baron Verulam. For Descartes 5 acquain-
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