4. Capacité calorifique et énergie des poudres. U5
L’intensité du frottement du projectile contre les parois de l’âme
est beaucoup plus petite.
Dans les canons, le rendement varie entre 17% et 35%; on ne peut
dépasser 35% parce que la longueur du canon est imposée par des
considérations pratiques, telles que des conditions de légèreté, de
mobilité, de service et de maniabilité. La vitesse V croîtrait dans la
plupart des cas si la longueur du canon pouvait être augmentée.
Il convient d’ailleurs d’indiquer dès maintenant que, quelque
nombreuses que soient les analogies entre la théorie des machines à
vapeur ou des moteurs à gaz et celle du mouvement du projectile dans
un canon ou un fusil, le rendement joue un rôle beaucoup moins im
portant dans la balistique du canon et du fusil que dans les machines
qui utilisent la force des gaz 10 ). Le but qu’on se propose, dans la
construction des canons, n’est pas d’obtenir un maximum du rende
ment ou de l’utilisation de la poudre (travail utile du projectile pour
une charge de l kg ).
On ne cherche pas à faire des économies de poudre, puisque
chaque pièce ne comporte qu’un nombre déterminé, relativement faible,
de coups (60 à 80). Mais, comme on en a déjà fait la remarque, on désire,
en ménageant autant que possible le canon, obtenir la plus grande force
10) Pour comparer les effets respectifs on établit parfois les calculs de
la manière suivante:
a) Un projectile de 917 kg , lancé par un canon de 100 tonnes avec une
vitesse initiale de 523 mètres par seconde possède une énergie à la boucbe de
12772000 kgm ; ce travail est fourni par les gaz de la poudre en 0 sec ,01 environ;
en une seconde le travail fourni serait donc d’environ 1300 millions de kilo-
grammètres, ce qui correspond à une puissance de 17 millions de chevaux-
vapeur. Toutefois, comme le canon devient inutilisable après 100 coups, il n’a
travaillé de cette façon, si on le considère comme une machine à gaz, qu’une
seconde en tout.
Ces 100 coups coûtent environ 375000 francs; pour effectuer le même travail
de 1300 millions de Mlogrammètres, une machine à vapeur de 100 chevaux met
44 heures et exige 4400 kg de charbon valant environ 90 francs; et elle reste
chargée.
b) S’il s’agit d’un plus long tir effectué par le même canon et s’il est tiré
un coup par minute, le travail fourni en moyenne par seconde est d’environ
213000 kgm, ce qui correspond à 2840 chevaux.
Yoir Eivista di artiglieria e genio, 1900 I, p. 123 et B. Wille, Waffenlehre 1 ),
(2 e éd.) p. 791.
De ces résultats on peut conclure qu’il n’y a guère d’intérêt à comparer
l’énergie mécanique développée dans un canon à celle développée dans une
machine à vapeur, étant donné que les objectifs sont très différents et vu le con
traste entre l’action de forces, dont les unes s’exercent presque avec continuité
tandis que l’impulsion des autres est presqu’instantanée.
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