152 F. Gossot et B. Liouville. IV 22 a. Développements de balistique.
ou l’une de ses modifications, convient pour les bouches à feu de tous
calibres et peut être mis en oeuvre, sans toucher en quelque sorte à la
pièce. Toutefois le dispositif des cadres-cibles exige que la trajectoire
soit bien connue et accessible tout le long du parcours sur lequel on
mesure les vitesses; il se prête mal en conséquence à l’étude des tirs
à longue portée pour lesquels l’angle au départ et les ordonnées ont
des valeurs relativement fortes.
Il en est autrement des moyens imaginés par F. Gossot qui re
posent sur l’existence d’un phénomène intéressant mis en évidence par
les tirs des commissions de Gâvre et de Châlons. Lorsque la vitesse
d’un projectile est supérieure à celle du son, un observateur placé
dans le plan de tir perçoit d’abord, quand le projectile passe près de
lui, un bruit intense et peu durable, qui semble émaner du projectile
lui-même. Quelques instants après, l’observateur entend un second
bruit, d’une durée appréciable, semblant provenir de la bouche à feu.
Ce phénomène [cf. IV 21, 3] a été étudié par F. A. Journée * 2 ) et
Ch. de Labour et 3 ) en 1888. F. JKach 4 ) l’a expliqué en remarquant que
le mouvement du projectile dans l’air y produit une onde condensée,
analogue au sillage laissé par un navire à la surface d’une eau tran
quille. Cette onde, qui se propage avec la vitesse normale du son,
est visible sur les photographies obtenues par F. Mach. Lorsqu’elle
atteint l’oreille de l’observateur, celui-ci entend le bruit du projectile;
le second bruit entendu est produit par l’onde sphérique ordinaire
provenant de la pièce [cf. IV 21, 3].
Dans le procédé employé par F. Gossot 5 ) [cf. IV 21, 36 note 210]
les courants sont rompus non pas, comme dans le chronographe, par
le projectile lui-même, mais par l’onde sonore qu’il émet. Dans le
plan du tir ou à proximité sont disposés deux appareils spéciaux
devant jouer, par rapport au chronographe, le même rôle que les
cadres-cibles; l’interruption du courant y est produite à l’aide d’une
membrane métallique que le passage de l’onde met en vibration. On
peut ainsi mesurer le temps qui s’écoule entre les passages successifs
de l’onde en deux points de position connue et, pour en déduire la
marine 8 (1880), p. 435] donne une description de cet appareil. Il étudie aussi
(p. 440) le chronographe Le Boulengé-Bréger n ) qui est une des modifications im
portantes qu’on a fait subir au chronographe Le Bôulengé.*
2) *C. R. Acad. sc. Paris 106 (1888), p. 244; H.Sébert, Bull. Soc. française
de physique 1888, p. 35/61.*
3) ^Mémorial de l’artillerie de la marine 16 (1888), p. 369.*
4) *Sitzgsb. Akad. Wien 98 II a (1889), p. 1257/76; trad. par G. H. G. Hart
mann, Revue d’artillerie 37 (1890/1), p. 62.*
5) ^Mémorial de l’artillerie de la marine 19 (1891), p. 181.*