F. Notes historiques.
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supposé, mais s’accompagne d’un éclatement des grains, qui modifie
à chaque instant les surfaces d’attaque de la flamme et ne les laisse
nullement en rapport avec les dimensions primitives. Les phénomènes
sont tout autres pour les poudres du type colloïdal. P. Vieille donne
le moyen de calculer dans tous les cas l'influence de la pression sur
les quantités de poudre brûlées, il prouve que la combustion des ex
plosifs compacts se fait par couches parallèles et définit, par des élé
ments mesurables, la durée de combustion des poudres sous pression
constante. Ces bases expérimentales et sûres de la balistique inté
rieure ne devaient être utilisées que bien des années plus tard.
Le travail de L.Jacob &1 ) repose sur d’autres principes; la méthode
suivie est en tous points celle de E. Sarrau. L’influence, snr les vitesses
et sur les pressions, de chacun des éléments du tir est étudiée sur
les nombres fournis par l’expérience des polygones; leur comparaison
avec les exposants qui figurent dans les premiers termes des séries
théoriques permet d’en déduire l’exposant sous lequel les pressions
interviennent dans la vitesse de combustion des poudres. Les évalua
tions ainsi obtenues ne sont pas très concordantes entre elles et don
nent toutes des nombres plus grands que les déterminations de P. Vieille;
on comprend sans peine que la voie, très indirecte, suivie par L. Jacob
pour parvenir à la valeur de l’exposant des pressions laisse subsister
des écarts sensibles; une autre raison explique mieux encore peut-être
les difficultés rencontrées: l’étude de L. Jacob a été entreprise à
l’occasion d’essais spéciaux, éloignés des conditions de la pratique et
dans lesquels on s’est efforcé de faire varier autant que possible toutes
les données du chargement et de la bouche à feu.
Les variations de vitesse et de pression, réalisées dans un domaine
aussi étendu, étant comparées aux indications résultant des deux seuls
termes conservés dans des développements en série fort compliqués,
on conçoit que la précision des formules théoriques ne soit pas en
rapport avec l’étendue des faits à représenter et que les constantes
cherchées soient, comme conséquence, assez médiocrement définies. Les
formules de L. Jacob n’en ont pas moins donné, pour le tir des poudres
sans fumée, des renseignements d’une incontestable utilité.
On le voit, et ce qui vient d’être dit au sujet de la méthode
précédente en donne un exemple nouveau, la source des objections et
des difficultés, après le travail déjà cité de P. Vieille, est tout entière
dans un problème de pure analyse. Il devenait donc urgent de s’at
taquer à cette partie de la question; c’est l’objet d’une note de
61) Mémorial de l’artillerie de la marine 22 (1894), p. 539.