F. Notes historiques.
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à une classe dont il a été déjà parlé et pour laquelle n’existe aucune
méthode d’intégration; mais les auteurs se sont dérobés à cette diffi
culté, sans rien abandonner de la rigueur des conclusions, en montrant
que l’on peut grouper les données relatives au chargement, au canon
et à la poudre, de manière à former deux variables caractéristiques
et deux seulement, à l’aide desquelles s’expriment, par des équations
numériques: I o ) une inconnue qui donne les vitesses; 2°) une autre in
connue faisant connaître les pressions. Tout le problème, en ce qui
touche aux vitesses par exemple, est ainsi réduit à la recherche d’une
fonction numérique de deux variables, c’est-à-dire à la construction
d’une surface, qui convient à toutes les hypothèses imaginables sur
les dimensions des canons, la nature de la poudre et les conditions
du chargement. Pour construire cette surface et une autre, analogue,
relative aux pressions sur la culasse, tous les résultats de tir obtenus
pendant plusieurs années ont été utilisés. Les formules, par lesquelles
ont été en définitive remplacées les surfaces des vitesses et des pres
sions, échappent ainsi à toute contestation sur des points de pure
analyse: elles ne supposent rien de plus que l’équation différentielle
du mouvement du projectile. Les vérifications, par la nature même de
la méthode, sont en nombre énorme et toutes sont à la fois sous les
yeux. Grâce à ces liens intimes maintenus entre les principes, em
pruntés aux expériences de laboratoire, et les conséquences qui en sont
déduites par la théorie, le domaine dans lequel les formules sont
valables devient beaucoup plus étendu; il peut être accru, d’une
manière continuelle, par des tirs bien conduits, sans remettre en cause
aucun des points acquis.
Les applications présentées sont très diverses; elles portent, tant
sur les bouches à feu existantes que sur les projets de canons et la
recherche des poudres convenant à des résultats balistiques déterminés.
Dans plusieurs ouvrages, P. Charbonnier 71 ) a fait connaître ses vues
les plus récentes sur la balistique intérieure et les questions connexes.
Au cours de ce long exposé, les idées de P. Charbonnier sur les
points les plus importants de la théorie se sont quelquefois modi
fiées, en particulier au sujet de l’influence de la pression sur la vitesse
de combustion des poudres et au sujet de l’équation différentielle qui
régit le mouvement du projectile. Dans l’étude qu’il fait d’abord de
la combustion des poudres, P. Charbonnier paraît avoir de nouveau
mélangé les deux notions distinctes, séparées avec tant de soin par
71) Mémorial de l’artillerie de la marine 33 (1905), p. 541; 34 (1906), p. 1;
Balistique intérieure, Paris 1908.