ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE
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fait entendre, parla comparaison du bâton d’un aveugle, et par celle
du vin qui descend dans une cuve, que, bien que l'inclination à se
mouvoir se communique d’un lieu à l’autre en un instant, elle ne
laisse pas de suivre le même chemin par où le mouvement successif
se doit fairq, qui est tout ce dont il est ici question.
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3. U ajoute après cela un discours qui me semble n’ètre rien moins
qu’une démonstration ('). Je ne veux pas répéter ici ses mots, pour
ce que je ne doute point que vous n’en ayez gardé l’original; mais je
dirai seulement que, de ce que j’ai écrit que la détermination à se
mouvoir peut être divisée (j’entends divisée réellement, et non point
par imagination) en toutes les parties dont on peut imaginer qu’elle
est composée, il n’a eu aucune raison de conclure que la division de
cette détermination, qui est faite par la superficie CBE (_fig. 54), qui est
une superficie réelle, à savoir celle du corps poli CBE, ne soit qu’ima
ginaire. Et il a fait un paralogisme très manifeste en ce que, supposant
la ligne AF n’être pas parallèle à la superficie CBE, il a voulu qu’on pût,
nonobstant cela, imaginer que cette ligne désignoit le côté auquel cette
superficie n’est point du tout opposée, sans considérer que, comme il
n’y a que les seules perpendiculaires, non sur cette AF tirée de travers
par son imagination, mais sur CBE, qui marquent en quel sens cette
superficie CBE est opposée au mouvement de la balle, aussi n’y a-t-il
que les parallèles à cette même CBE qui marquent le sens auquel elle
ne lui est point du tout opposée.
4. Mais, afin qu’on voie mieux la différence qui est entre nos deux
raisonnemens, je les veux appliquer à une autre matière. J’argumente
en cette sorte :
Premièrement, le triangle ABC {fig. 55) peut être divisé en toutes
les parties dont on peut imaginer qu’il est composé. Secondement, or
on peut aisément imaginer qu’il a été composé des quatre triangles
égaux ADE, FED, EFB, DCF. Troisièmement, et ensuite il est aisé à
(•) Voir Lettre XXII, 5.