196
ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
lui. J’y réponds Succinctement et premièrement, sur ce qu’il a douté
que j’eusse une méthode générale pour ranger tous les quarrés pairs à
l’infini. Je vous prie de l’assurer du contraire, car il est très certain
qu’il y a plus de dix ans que je la découvris et en donnai dès lors des
exemples sur des quarrés plus hauts que ceux de Bachet, comme
M. Despagnet vous pourroit témoigner.
2. Il est vrai que je n’avois pas songé de déterminer exactement en
combien de façons ces quarrés pouvoicnt être ordonnés, et j’avoue que
je n’avois pas vu toutes les manières qui y conduisent, puisque je dou-
tois même que le quarré pût demeurer magique en levant une seule
enceinte (*); mais, ayant trouvé une règle pour les ordonner en beau
coup de façons, je crus qu’elle les contenoit toutes, ce qui me semble
excusable, puisque je vous envoyai ma Lettre aussitôt après la première
méditation que j’eus fait sur ce sujet.
3. Depuis que j’ai reçu la dernière de M. Freniclc, j’ai aussitôt dé
couvert que la question du quarré de 22 étoit de ma portée et, pource
que l’opération scroit trop longue qui consiste à ranger le quarré de
22 en telle sorte que, levant trois enceintes, il reste magique, et du
restant encore deux et qu’il demeure magique, et puis une seule du
reste à la même condition, je me contenterai pour ce coup de vous en
voyer le carré qui reste après les trois premières et les deux secondes
enceintes ôtées, duquel si vous levez une seule enceinte, le reste de
meure magique, comme vous verrez.
Pource que le temps me manque, je diffère à vous envoyer les cinq
enceintes qui manquent pour parfaire le quarré entier de 22, jusques
au départ du prochain courrier ( 2 ).
Après cela vous devez croire que, dès que j’aurai loisir, j’irai aussi
avant sur ce sujet qu’il est possible.
C 1 ) Comparer Lettres XXXVIII bis, 6 et 7, et XXXIX, 2.
( 2 ) La Lettre ainsi annoncée fait défaut.