FERMAT A C ARC AVI (').
DIMANCHE 9 AOUT 1G34.
( CEuvres de Pascal, IV, p. 444 ~ 4 4^- )
Monsieur,
1. J’ai été ravi d’avoir eu des sentiments conformes à ceux de
M. Pascal, car j’estime infiniment son génie et je le crois très capable
de venir à bout de tout ce qu’il entreprendra. L’amitié qu’il m’offre
m’est si chère et si considérable que je crois ne devoir point faire dif
ficulté d’en faire quelque usage en l’impression de mes Traités.
Si cela ne vous choquoit point, vous pourriez tous deux procurer
cette impression, de laquelle je consens que vous soyez les maîtres;
vous pourriez éclaircir ou augmenter ce qui semble trop concis et me
décharger d’un soin que mes occupations m’empêchent de prendre. Je
désire même que cet Ouvrage paroisse sans mon nom, vous remettant,
à cela près, le choix de toutes les désignations qui pourront marquer
le nom de l’auteur que vous qualifierez votre ami.
2. Voici le biais que j’ai imaginé pour la seconde Partie qui con
tiendra mes inventions pour les nombres. C’est un travail qui n’est
encore qu’une idée, et que je n’aurois pas le loisir de coucher au long
sur le papier; mais j’enverrai succinctement à M. Pascal tous mes
principes et mes premières démonstrations, de quoi je vous réponds à
l’avance qu’il tirera des choses non seulement nouvelles et jusqu’ici
inconnues, mais encore surprenantes.
Si vous joignez votre travail avec le sien, tout pourra succéder et
(’) L’autographe do cette lettre a fait partie de la Collection Benjamin Fillon et a passé
en vente le 16 février 1877 (Inventaire des autographes et des documents historiques
composant la collection de M. Benjamin Fillon, séries I et IL Paris, Étienne Charavay,
1877, p. 9-10). On trouve reproduit dans ce catalogue le § 1 de cette lettre, et de plus,
facsimilés, la signature, la date et les mots « Yostre très humble et 1res obéissant servi
teur », ces derniers supprimés dans l’édition.