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ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
s’achever dans peu de temps, et cependant on pourra mettre au jour
la première Partie que vous avez en votre pouvoir.
Si M. Pascal goûte mon ouverture, qui est principalement fondée
sur la grande estime que je fais de son génie, de son savoir et de son
esprit, je commencerai d’abord à vous faire part de mes inventions
numériques. Adieu.
Je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
A Toulouse, ce 9 août i654-
Fermât.
LXXI1.
PASCAL A FERMAT.
LUNDI 24 AOUT 1654.
{ya, p. iS^-iSS.)
Monsieur,
1- Je ne pus vous ouvrir ma pensée entière touchant les partis de
plusieurs joueurs par l’ordinaire passé, et même j’ai quelque répu
gnance à le faire, de peur qu’en ceci cette admirable convenance, qui
étoit entre nous et qui m’étoit si chère, ne commence à se démentir,
car je crains que nous ne soyons de différents avis sur ce sujet. Je
vous veux ouvrir toutes mes raisons, et vous me ferez la grâce de me
redresser, si j’erre, ou de m’affermir, si j’ai bien rencontré. Je vous le
demande tout de bon et sincèrement, car je ne me tiendrai pour cer
tain que quand vous serez de mon côté.
Quand il n’y a que deux joueurs, votre méthode, qui procède par
les combinaisons, est très sûre; mais, quand il y en a trois, je crois
avoir démonstration qu’elle est mal juste, si ce n’est que vous y procé
diez de quelque autre manière que je n’entends pas. Mais la méthode
que je vous ai ouverte et dont je me sers partout est commune à