31G
ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
que lui, et j’ose dire que les preuves que j’en ai sont si grandes que non seu
lement elles me persuadent, mais elles m’obligent d’en faire une estime bien
grande. J’avoue que le retour en est bien souvent difficile; mais, parce que,
quand j’ai fait exactement l’analyse, je suis aussi sur de la solution du pro
blème comme si je l’eusse démontré par synthèse, je ne me soucie pas quel
quefois d’en chercher la construction la plus aisée, me persuadant ce qu’en
une autre occasion M. Pascal (*) dit : non esse par labori prœmium. Mais, en
cela comme en toutes autres choses, je laisse volontiers que chacun suive son
propre sentiment.
3. Je viens au problème des < cercles > tangens dont on désire une plus
grande explication. Aussitôt que vous me l’envoyâtes, il me souvint que
j’avois songé à cette matière en cherchant le lieu que décrirait le centre
d’un cercle qui toucherait deux autres cercles donnés, ou un cercle donné et
une ligne donnée, etc., et que j’avois démontré que, quand deux cercles sont
égaux < et qu’>ils se doivent toucher avec un autre cercle qui les enferme ou
qui les exclut tous deux, le lieu est la ligne droite qui les divise également et
qu’elle est perpendiculaire à la ligne qui unit les centres des cercles donnés;
mais, quand ils sont inégaux et qu’il faut qu’ils se touchent comme ici-dessus,
alors le lieu est hyperbole ou, pour mieux dire, il est les sections opposées,
les foyers desquelles sont leâ centres des cercles donnés et le coté transvers
égal à la différence des semidiamètres des dits cercles.
Or, dans le cas dans lequel il faudra inclure l’un et exclure l’autre en le
touchant, les sections opposées ont les foyers comme auparavant, mais le
côté transvers est l’aggrégé et non pas la différence des semidiamètres.
Je passe les autres problèmes que j’ai démontrés en cette matière, parce
qu’ils ne sont pas à propos pour nous; mais je dirai seulement en passant
que, quand les donnés sont un cercle et une ligne droite qui le coupe, le lieu
est à deux paraboles qui ont toutes deux pour foyer le centre du cercle donné
et passent par les intersections du dit cercle et de la ligne donnée.
Ainsi, en recevant vos lettres, je m’aperçus qu’en laissant une détermina
tion dans le problème de M. Pascal ( 2 ), il se feroit local, en la manière ici-
dessous :
Etant donné un cercle et une ligne, trouver un autre cercle qui, touchant
(') Dans les écrits connus de Pascal, on ne trouve guère qu’une expression analogue ;
ad ilia, quce plan afferunt fructus quam lahoris, vergentes, mots qui terminent le De
numericis ordinibus tractatus.
( 2 ) Cornp. Lettre LXX, 9.