ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
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d’alors sur mon visage d’à présent, j’ai ern qu’il valoit mieux vous
écrire tout de nouveau une lettre qui contiendra mes raisons d’op
position et vieilles et nouvelles, et c’est à quoi je travaillerai pour la
huitaine (*).
J’entre dans vos sentiments pour ce qui concerne l’impression; il y
faudra changer les termes les plus choquants et les plus aigres, mais
n’y faire point autrement de grand changement, et de cela je m’en
remets à vous. Monsieur de Garcavi vous fournira sans doute mon
traité de maximis et minimis; il l’a de toutes façons, c’est-à-dire avec
démonstration et sans démonstration, et, puisqu’il est question d’in
struire ou de désabuser le public, il sera bon de l’insérer dans votre
recueil avec une lettre de M. Milon ou de quelque autre de vos fameux
géomètres qui éclaircisse la chose et qui prépare les lecteurs à en
tendre la dernière lettre de M. Descartes ( 2 ), par laquelle il m’écrivit
(comme vous verrez) qu’il étoit satisfait de ma géométrie.
Pour la question de Dioptrique, je vous proteste, sans nulle feintise,
que je souhaite de m’être trompé; mais je ne saurois obtenir sur moi,
en façon quelconque, que le raisonnement de M. Descartes soit une
démonstration, et même qu’il en approche. Je vous envoierai dans
huit jours la lettre qui éclaircira mes doutes sur cette matière. Et je
suis de tout mon cœur, Monsieur, Votre très humble et très obéissant
serviteur,
Fermât.
A Toulouse, ce 3 mars iG38.
J’ai retenu cette lettre, qui étoit prête à vous être envoyée dès la
semaine passée, parce que j’ai cru que M. Digby, par la voie duquel
j’ai pris la liberté de vous écrire, ne seroit pas encore de retour à
Paris. Vous recevrez donc les deux conjointement et, si la seconde
est un peu trop longue, assurez-vous, Monsieur, que j’ai mis peine à
raccourcir, et que je pouvois dire beaucoup plus que je n’ai fait. Je
(') Voir la Lettre suivante XC bis.
( 2 ) Voir Lettre XXXII.