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10 MARS 1638.
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gauche à la droite restoit la même, puisque la balle allant toujours
de même vitesse pouvoit conserver l’une de ses visées ou détermina
tions lorsque l’autre seule étoit empêchée; que d’ailleurs le mouve
ment se faisoit dans un même milieu; et qu’enfm, la détermination
de haut en bas étant entièrement empêchée, il n’y avoit pas grand mal
de consentir que celle de la gauche à la droite restât tout entière :
comme, quand on perd un œil, on dit que la vertu visive se conserve
entière en celui qui reste.
Mais, en la réfraction, tout y est différent. Veut-on y obtenir le con
sentement de notre sceptique sans preuve? La détermination de la
gauche à la droite demeurera-t-elle la même, lorsque toutes les rai-
sous qui le lui avoient persuadé en la réflexion se sont évanouies?
Mais ce n’est pas tout : il a sujet d’appréhender l’équivoque et, lors
qu’il aura accordé que cette détermination de gauche à droite demeure
la môme, il a occasion de soupçonner que l’auteur le chicanera sur
l’explication de ce terme. Car, quoiqu’il ait protesté que la détermina
tion est différente de la puissance qui meut, et que leur quantité doit
être examinée séparément, si notre sceptique lui accorde en cet en
droit que cette détermination de gauche à droite demeure la même en
la réfraction, c’est-à-dire qu’elle conserve la même visée ou direction,
il y a apparence que l’auteur voudra l’obliger ensuite à lui accorder
que la halle, dont la détermination vers la droite n’est point changée,
s’avance autant et aussi vite vers la droite qu’elle faisoit auparavant,
quoique sa vitesse et le milieu par où elle passe soient changés.
Mais parce qu’il ne paroit pas sitôt qu’on veuille lui foire une si
grande violence, il ne croit pas être encore temps de se départir du
respect qu’il doit au nom de M. Descartes, et il veut bien lui avouer,
sur sa seule parole, que cette détermination vers la droite demeurera
la même, pourvu qu’il ne se parle point du temps que la halle doit
employer à s’avancer de ce côté là : parce que M. Descartes même a
avoué que la force qui meut et la détermination sont deux quantités
qui n’ont rien de commun, et qu’elles doivent être séparément exa
minées).