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ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
Livre des Éléments d’Euclide. Car, comme celui-ci jugeroit qu’il
auroit perdu quelques-uns des quinze écus, en comparant ce qui lui
resteroit avec ce qu’il avoit auparavant dans la même pochette, et ne
se soucieroit pas de les comparer avec les trente de l’autre, de même
M. Descartes juge du changement arrivé en la détermination de haut
en bas, parce que sa quantité n’est plus la même, depuis que le mobile
est au dessous de la surface CBE, qu’elle étoit quand il étoit au dessus.
Et il a raison d’assurer que la détermination de gauche à droite n’est
pas changée, parce que sa quantité est la même, le mobile étant dans
la ligne BI, qu’elle étoit quand il étoit porté en AB.
Art. 7 e . Mais donnons encore, etc. — Outre que M. de Fermât
accorde encore ici gratuitement une chose qu’il auroit tort de con
tester, comme il se voit dans la remarque précédente, cet article ne
contient que quelques paroles de M. Descartes.
Art. 8 b . Voyez comme il retombe, etc. — M. Descartes est ici accusé
de retomber pour la seconde fois dans une même faute, manque de se
ressouvenir qu’il y a différence entre la détermination et le mouve
ment. Mais cette accusation n’est fondée que sur ce que M. de Fermât
prend un peu rigoureusement les paroles de M. Descartes : car, quand
il dit ces mots : elle doit faire deux fois autant de chemin vers le même
coté, cela ne signifie pas que la balle se meuve dans une ligne deux
fois plus grande qu’auparavant, mais que, quelle que soit cette ligne,
elle doit tellement être inclinée vers la droite que la balle avance de
ce côté-là deux fois plus qu’elle n’avoit fait. C’est le sens qu’il falloit
donner aux paroles de M. Descartes, au lieu de l’autre, par lequel on
prétend qu’il confond deux choses diverses; et son intention étoit
assez évidente parce que pendant qu’il dit que la quantité de la dé
termination devient double dans le même temps, il suppose que le
mouvement n’est que simple, c’est à dire que le mobile parcourt une
ligne égale à celle qu’il avoit parcourue auparavant.
Ce qui suit de cet article, et l’absurdité que M. de Fermât y conclut,
n’est pas au désavantage de M. Descartes, qui nieroit que la détermi
nation de haut en bas demeure la même, suivant ce qui a été dit dans