ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
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aller si vite qu’elle faisoit, doit pourtant conserver la détermination
qu’elle avoit auparavant à avancer vers un certain coté, à laquelle ce
milieu n’est aucunement opposé, et à quoi la perte qu’elle a soufferte
en sa vitesse ne résiste point et se peut accommoder? Pourquoi vou
loir obliger cette balle à faire plus qu’elle ne doit, puisque la nature
ne fait rien en vain?
Enfin le troisième cas, qui se rapporte à la réfraction lorsqu’elle
s’approche de la perpendiculaire, et le seul qui restoit à M. Descartes
à éclaircir, s’explique heureusement par la même balle qui, étant
poussée comme auparavant, rencontre aussi de biais dans son chemin
un autre milieu, dans lequel elle pénètre avec une égale facilité de
tous côtés et qui augmente sa vitesse d’une certaine quantité. Que
peut-on penser de plus simple et de plus naturel que de dire que cette
balle, devant aller plus vite qu’elle ne faisoit selon quelqu’une de ses
directions, n’avance pourtant pas davantage selon celle à laquelle ce
corps, par qui sa vitesse a été augmentée, n’est point du tout opposé?
3. Le cas que vous proposez outre cela dans votre première lettre est
superflu et ne peut servir à expliquer aucun de ces phénomènes de la
lumière. Et, par conséquent, il n’est ici d’aucune considération et,
quelque inconvénient qui en pût suivre, cela ne pourroit préjudicier à
ce que M. Descartes a auparavant prouvé, et par quoi il a expliqué si
intelligiblement ces effets merveilleux de la lumière qui ne laisse-
roient pas d’être vrais et tels qu’il les a démontrés, quand votre sup
position seroit difficile à expliquer par ses principes, ce que je ne
désespère pourtant pas de faire, et quand elle se devroit expliquer
suivant les vôtres, ce que je n’estime pas.
Mais, pource que c’est en ceci que consiste toute notre question, il
faut que j’éclaircisse une fois un point qui vous semble n’avoir pas
été prouvé par M. Descartes, à cause que sa preuve n’est pas pure
ment géométrique, mais qu’elle est en partie fondée sur quelques
principes de la nature si clairs qu’ils ne demandent aucune expli
cation.