Full text: Correspondance (Tome 2)

CXIII. - 0 MAI 1662. 
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partout et de confesser hautement que je n’ai rien vu de plus ingé 
nieux ni de mieux trouvé que la démonstration que vous avez appor 
tée. Permettez-moi seulement de vous dire ici les raisons qu’un Des- 
cartiste un peu zélé pourroit alléguer pour maintenir l’honneur et le 
droit de son maître, et pour ne pas relâcher si tôt à un autre la posses 
sion où il est, ni lui céder le premier pas. 
1- Le principe que vous prenez pour fondement de votre démon 
stration, à savoir que la nature agit toujours par les voies les plus 
courtes et les plus simples, n’est qu’un principe moral et non point 
physique, qui n’est point et qui ne peut être la cause d’aucun effet de 
la nature. 
11 ne l’est point, car ce n’est point ce principe qui la fait agir, mais 
bien la force secrète et la vertu qui est dans chaque chose, qui n’est 
jamais déterminée à un tel ou tel effet par ce principe, mais par la 
force qui est dans toutes les causes qui concourent ensemble à une 
même action, et par la disposition qui se trouve actuellement dans tous 
les corps sur lesquels cette force agit. 
Et il ne le peut être, autrement nous supposerions de la connois- 
sance dans la nature : et ici, par la nature, nous entendons seulement 
cet ordre et cette loi établie dans le monde tel qu’il est, laquelle agit 
sans prévoyance, sans choix, et par une détermination nécessaire. 
2. Ce même principe doit mettre la nature en irrésolution, à ne 
savoir à quoi se déterminer, quand elle a à faire passer un rayon de 
lumière d’un corps rare dans un plus dense. Car je vous demande 
s’il est vrai que la nature doive toujours agir par les voies les plus 
courtes et les plus simples, puisque la ligne droite est sans doute et 
plus courte et plus simple que pas une autre, quand un rayon de lu 
mière a à partir d’un point d’un corps rare pour se terminer dans un 
point d’un corps dense, n’y a-t-il pas lieu de faire hésiter la nature, si 
vous voulez qu’elle agisse par ce principe à suivre la ligne droite aus 
sitôt que la rompue, puisque si celle-ci se trouve plus courte en temps, 
Fermât. — II. 5q
	        
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