Full text: Correspondance (Tome 2)

ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. 
488 
tien, que le mouvement de la lumière trouve plus de résistance dans 
l’air que dans l’eau, et moi supposant tout le contraire, comme vous 
verrez dans la copie de ma démonstration, que j’ai tâché de refaire de 
mémoire pour vous satisfaire pleinement, mon original ayant été en 
voyé à M. de la Chambre, suivant ma paresse ordinaire. 
Je refis donc pour lors la question à diverses reprises, en changeant 
les positions, et je trouvai toujours la même conclusion, ce qui me 
confirma deux choses : l’une, que l’opinion de M. Descartes sur la pro 
portion des réfractions est très véritable; et l’autre, que sa démonstra 
tion est très fautive et pleine de paralogismes. 
Messieurs les Cartésiens virent ensuite ma démonstration, qui leur 
fut communiquée par M. de la Chambre; ils s’opiniâtrèrent d’abord à 
la rejeter et, quoique je leur représentasse tout doucement : qu’il leur 
devoit suffire que le champ de bataille demeurât à M. Descartes, puis 
que son opinion se trouvoit véritable et confirmée, quoique par des 
raisons différentes des siennes; que les plus fameux conquérants ne 
s’estimoient guère moins heureux, lorsque la victoire leur étoit pro 
curée par les troupes auxiliaires, que si c’étoit par les leurs; ils ne 
voulurent point, dans les premiers mouvements, entendre raillerie : ils 
vouloicnt que ma démonstration fût fautive, puisqu’elle ne pouvait 
pas subsister, sans détruire celle de M. Descartes, qu’ils entendoient 
mettre toujours hors du pair. Mais, comme les plus habiles géomètres 
qui virent la mienne sembloient y donner leur approbation, ils me 
firent enfin compliment par une lettre de M. Clerselier, qui est celui 
qui a procuré l’impression des lettres de M. Descartes. Ils crièrent an 
miracle de quoi une même vérité s’étoiR rencontrée au bout de deux 
chemins entièrement opposés et prononcèrent qu’ils vouloient bien 
laisser la chose indécise et avouer qu’ils ne savoient à qui donner la 
préférence, de M. Descartes ou de moi, sur ce sujet et que la postérité 
en jugeroit. 
C’est à vous, Monsieur, qui êtes sans doute destiné par votre mérite 
extraordinaire à avoir grand commerce avec elle, à l’informer, si vous 
le jugez à propos, de ce célèbre démêlé ou, si vous aimez mieux placer
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.